Sous les paillettes et le glamour du Festival de Cannes se cache une réalité bien plus sombre. Alors que les stars défilent sur le tapis rouge, les journalistes, eux, subissent une pression de plus en plus forte. Interviews minutées, accès restreints, contrôle permanent… La liberté de la presse serait-elle en danger sur la Croisette ?
Cannes, un festival qui montre les crocs
Derrière la façade scintillante, le mal-être des journalistes à Cannes ne cesse de grandir. Augustin Trapenard, présentateur de La Grande Librairie, a récemment tiré la sonnette d’alarme. Invité sur France Info, il a dénoncé sans détour la « brutalisation » dont sont victimes les professionnels des médias.
Les journalistes sont de moins en moins bien traités. Cette façon de contrôler les temps, de hiérarchiser les gens, cette façon de violenter, d’un point de vue langagier, parfois physiquement, je trouve cela insupportable.
– Augustin Trapenard, présentateur de La Grande Librairie
Un constat alarmant qui en dit long sur l’envers du décor. Pourtant, comme le souligne Augustin Trapenard, « il n’y a pas de Festival de Cannes sans journalistes ». Chaque année, plus de 4000 reporters du monde entier rejoignent la Croisette pour couvrir cet événement phare du 7ème art. Mais à quel prix ?
Des interviews au compte-gouttes
Si décrocher un entretien avec une star à Cannes relève déjà du parcours du combattant, mener l’interview dans de bonnes conditions tient carrément du miracle. Les attachés de presse contrôlent les temps au cordeau, n’hésitant pas à écourter brutalement les échanges.
L’an dernier, Lily-Rose Depp accordait ainsi un maigre créneau de 7 minutes chrono aux journalistes. Un temps ridiculement court qui permet à peine de gratter la surface. Dans ces conditions, impossible d’aller au fond des choses ou d’obtenir des réponses satisfaisantes.
Des accréditations sous haute surveillance
Avant même de pouvoir approcher les stars, encore faut-il décrocher le précieux sésame : l’accréditation. Chaque année, des centaines de demandes sont refusées, parfois sans explication. Une sélection drastique qui laisse sur le carreau de nombreux médias.
Même accrédités, les journalistes ne sont pas au bout de leurs peines. Entre les changements de planning de dernière minute et les lieux tenus secrets jusqu’au dernier moment, suivre l’actualité cannoise tient de la course d’obstacles. Sans parler des files d’attente interminables et des contrôles de sécurité dignes d’un aéroport !
Vers une remise en question du système ?
Face à ce malaise grandissant, des voix s’élèvent pour réclamer plus de considération envers les journalistes. Car sans eux, le rayonnement du Festival de Cannes en serait considérablement affecté. Difficile d’imaginer la grand-messe du cinéma sans sa cohorte de reporters pour relayer les temps forts et révéler les coulisses.
Il est grand temps pour le Festival de retrouver un peu d’humanité dans ses rapports avec la presse. Respecter le travail des journalistes, leur accorder du temps et de meilleures conditions, voilà le défi que Cannes doit relever. Faute de quoi, le plus glamour des festivals pourrait bien perdre de son éclat…