C’est une annonce qui a ébranlé le monde de la musique classique : à 81 ans, le maestro britannique John Eliot Gardiner quitte le Monteverdi Choir and Orchestra, cet ensemble vocal et instrumental spécialisé dans le répertoire baroque qu’il a fondé il y a 60 ans et porté au firmament. Une décision mûrement réfléchie, mais le cœur lourd, pour celui qui est considéré comme l’un des pionniers du renouveau de la musique ancienne.
Un “projet de vie” qui s’achève
Dans un communiqué, John Eliot Gardiner a expliqué que le Monteverdi Choir, créé en 1964 alors qu’il était encore étudiant, avait été « le projet le plus inspirant » de sa vie. Et d’ajouter, non sans émotion : « Je suis arrivé à cette décision le cœur lourd ». Un crève-cœur pour le chef d’orchestre multi-récompensé, après une carrière brillante qui l’a vu diriger dans les plus grandes maisons d’opéra, de Londres à Milan en passant par Vienne, et récemment participer au couronnement du roi Charles III.
Un “regrettable incident” en toile de fond
Mais cette démission en forme de coup de tonnerre intervient près d’un an après un événement qui a terni son image. En août dernier, lors d’un festival en France, John Eliot Gardiner aurait giflé un jeune chanteur à l’issue d’une représentation des Troyens de Berlioz, compositeur romantique dont il est un spécialiste reconnu. Un geste qu’il a qualifié de « regrettable incident » où il a « perdu le contrôle », présentant ses excuses.
La violence physique n’est jamais acceptable.
John Eliot Gardiner
Une thérapie et une prise de conscience
Suite à cela, le chef a entrepris une thérapie de 11 mois qui lui a permis, explique-t-il, d’apprendre beaucoup sur lui-même et son comportement passé. Une introspection qui l’a conduit à cette décision, la jugeant la meilleure pour lui comme pour l’orchestre.
La fin d’une époque
Avec le départ de cette figure tutélaire, c’est une page qui se tourne pour le Monteverdi Choir and Orchestra. Fondé en 1964, cet ensemble est devenu sous sa direction une référence dans l’interprétation du répertoire baroque, mais aussi classique et romantique. Une aventure humaine et musicale hors norme qui a profondément marqué le paysage de la musique ancienne.
Gardiner a révolutionné notre perception de la musique baroque, lui insufflant une énergie et une dramaticité nouvelles.
Un critique musical
La démission de John Eliot Gardiner marque ainsi la fin d’une époque. Mais son influence perdurera à travers les nombreux musiciens qu’il a formés et inspirés, et les enregistrements de référence laissés par le Monteverdi Choir and Orchestra. Un héritage inestimable pour les générations futures.
Son départ soulève aussi en filigrane la question du comportement des artistes et de la gestion des conflits au sein des formations musicales. Un sujet sensible à l’heure où le milieu est confronté à une remise en question profonde de ses pratiques et de sa gouvernance.
Un avenir à inventer
Pour le Monteverdi Choir and Orchestra, c’est désormais un nouveau chapitre qui s’ouvre, avec le défi de perpétuer cet héritage unique sans son chef emblématique. Un avenir à inventer, entre tradition et renouvellement, pour que perdure l’esprit d’excellence et de passion insufflé par John Eliot Gardiner.