C’est la consternation chez les restaurateurs parisiens. À quelques jours du coup d’envoi des Jeux olympiques 2024, des centaines d’établissements ont eu la mauvaise surprise de recevoir un courrier de la préfecture de police leur imposant la fermeture de leur terrasse pendant la durée de l’événement. Une décision brutale et tardive qui passe très mal auprès des professionnels, déjà éprouvés par une conjoncture difficile.
Une perte financière conséquente en pleine saison estivale
Pour les restaurateurs concernés, c’est la douche froide. La fermeture imposée de leur terrasse représente un manque à gagner considérable, surtout en cette période de forte affluence touristique. Comme le souligne Stéphane Manigold, président de l’Umih Grand Paris :
Imposer la fermeture de centaines de terrasses à quelques jours des JO 2024, c’est brutal. On aurait espéré une meilleure coordination entre le Cojo, la mairie et la préfecture.
Stéphane Manigold, président de l’Umih Grand Paris
Selon les estimations du syndicat, cette mesure pourrait se traduire par une baisse de chiffre d’affaires pouvant aller jusqu’à 30% pour certains établissements, mettant en péril leur équilibre financier déjà fragile.
Un manque de communication et d’anticipation pointé du doigt
Au-delà de l’impact économique, c’est aussi la méthode qui est vivement critiquée. Beaucoup de restaurateurs déplorent le manque de concertation et la communication tardive des autorités. Certains avaient même engagé des travaux d’embellissement ou recruté du personnel supplémentaire en prévision des Jeux.
Pour Stéphane Manigold, cette situation aurait pu être évitée avec une meilleure anticipation :
Pourquoi attendre la toute dernière minute pour prévenir ? Un plan de circulation et de sécurité, ça se prépare des mois à l’avance, pas à 15 jours de l’événement.
Stéphane Manigold
Des mesures de compensation réclamées
Face à cette situation inédite, les organisations professionnelles montent au créneau pour réclamer des mesures de soutien et de compensation. Elles demandent notamment :
- Un fonds d’indemnisation pour compenser les pertes d’exploitation
- Des exonérations fiscales et sociales
- Un assouplissement des règles d’occupation de l’espace public post-JO
- Un véritable plan de relance pour dynamiser l’activité après l’événement
Les négociations s’annoncent serrées, d’autant que les pouvoirs publics se renvoient la balle. La mairie de Paris assure qu’elle n’était pas informée de l’ampleur des restrictions décidées par la préfecture. Cette dernière invoque des impératifs de sécurité liés au contexte post-attentats.
Une facture salée pour l’image de Paris
Au-delà de l’aspect financier, cette polémique risque de laisser des traces sur l’attractivité et la réputation de la capitale. De nombreux touristes et habitants apprécient les terrasses parisiennes, symboles de l’art de vivre à la française. Leur fermeture en pleine période estivale pourrait susciter frustration et incompréhension. Pas sûr que l’enthousiasme olympique suffise à compenser ce couac dans l’organisation.
Alors que les JO doivent être une vitrine pour Paris, ce raté laissera un goût amer à bien des acteurs économiques. Il rappelle cruellement les ratés de la Coupe du Monde de Rugby en 2007 et de l’Euro 2016, où des décisions de sécurité de dernière minute avaient déjà pénalisé restaurateurs et commerçants.
Reste à espérer que le dialogue et le bon sens l’emportent afin de trouver rapidement des solutions. Faute de quoi, ces JO tant attendus risquent de laisser un goût amer, bien loin de l’esprit de fête et de convivialité promis. Les restaurateurs parisiens, eux, attendent des actes concrets. Car sans terrasses animées, Paris n’est pas tout à fait Paris…