La question du port de signes religieux par les athlètes français représentant le pays lors de compétitions internationales fait à nouveau polémique, à un an des Jeux Olympiques de Paris 2024. Au cœur de cette controverse : le cas de Sounkamba Sylla, relayeuse du 4x400m, qui souhaitait porter le voile islamique lors des épreuves et de la cérémonie d’ouverture des Jeux.
Interdiction du voile en équipe de France : le cadre juridique
En juin 2023, le Conseil d’État a rendu une décision importante concernant le port de signes religieux par les sportifs sélectionnés en équipe de France. Selon cette décision, le principe de neutralité du service public s’applique aux athlètes représentant la France, considérés comme participant à une mission de service public via leur fédération délégataire.
Concrètement, cela signifie que si les sportifs peuvent arborer des signes religieux lors de certaines compétitions (en fonction des règlements de leur fédération), ce n’est pas le cas lorsqu’ils portent le maillot de l’équipe de France. Une règle que la France est l’un des rares pays à appliquer strictement.
La situation de Sounkamba Sylla
Sounkamba Sylla, spécialiste du 400m et membre du relais 4x400m français, se trouvait en infraction avec cette règle lors de ses précédentes compétitions sous le maillot bleu. Portant le voile islamique, elle ne respectait pas le principe de neutralité imposé aux athlètes sélectionnés.
Face à cette situation, le ministère des Sports a rappelé à la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) ses obligations en matière de laïcité. Des échanges ont alors eu lieu entre les différentes parties pour tenter de trouver une solution à ce cas épineux, à un an des JO de Paris.
Un compromis trouvé : la casquette à la place du voile
Après de multiples discussions, un compromis semble avoir été trouvé pour permettre à Sounkamba Sylla de concilier sa foi et sa participation aux Jeux Olympiques. Sur proposition de la FFA, le ministère des Sports aurait accepté que l’athlète porte une casquette lors des épreuves et de la cérémonie d’ouverture, en lieu et place du voile.
Le CNOSF souhaite que l’ensemble des athlètes de l’équipe de France qui défilent ce vendredi 26 juillet le fassent dans de bonnes conditions et puissent profiter de ce moment exceptionnel. Ainsi, en concertation avec la Fédération française d’athlétisme, le MSJOP, Paris 2024 et Berluti, des échanges ont eu lieu avec Sounkamba Sylla, relayeuse du 4 x 400 m français. Il lui a été proposé de porter une casquette lors du défilé, ce qu’elle a accepté.
– Communiqué du CNOSF
La casquette étant considérée comme un équipement sportif et non un signe religieux, cette solution permettrait de respecter le principe de neutralité tout en laissant l’athlète participer aux Jeux. Sounkamba Sylla s’est dite satisfaite de ce compromis qui lui permettra de défiler vendredi lors de la cérémonie d’ouverture du plus grand événement sportif mondial.
Une polémique qui en appelle d’autres ?
Si le cas de Sounkamba Sylla semble réglé, la question des signes religieux portés par les athlètes risque de continuer à faire débat. En effet, le voile islamique n’est pas le seul concerné par cette règle de neutralité imposée par la France.
Qu’en sera-t-il des sportifs arborant un médaillon avec un symbole religieux, un tatouage représentant un personnage religieux ou encore se signant avant une épreuve ? Autant de situations qui pourraient susciter de nouvelles polémiques dans un avenir proche, la France étant particulièrement attachée au principe de laïcité, y compris dans la sphère sportive.
Une chose est sûre, le débat sur la place de la religion dans le sport, et plus largement dans la société française, est loin d’être clos. Le cas de Sounkamba Sylla aura eu le mérite de remettre cette épineuse question sur le devant de la scène, à un an d’un événement planétaire qui se déroulera en France et qui sera suivi par des milliards de téléspectateurs aux quatre coins du globe.