Chaque soir sur C8, des millions de téléspectateurs se donnent rendez-vous devant « Touche pas à mon poste ! » (TPMP), l’émission phare de Cyril Hanouna. Adoré par son public, l’animateur phénomène suscite aussi de vives critiques pour ses dérapages à répétition. Retour sur le parcours sulfureux de celui qui est devenu le roi incontesté de l’audimat… et l’ennemi public numéro un du PAF.
L’irrésistible ascension de Cyril Hanouna
Né en 1974, Cyril Hanouna débute à la télévision sur Comédie ! en 2002 avant d’animer des émissions sur France 4 et Virgin 17. Mais c’est véritablement en 2010, lorsqu’il crée TPMP sur France 4 puis D8 (devenue C8), qu’il devient une star du petit écran.
Entouré de chroniqueurs hauts en couleur, il impose son talk-show décalé et transgresse allègrement les codes de la télévision. Son sens du spectacle et son franc-parler font mouche : les audiences décollent, atteignant des records pour la TNT.
TPMP, une machine à buzz
L’émission est pensée comme une machine à buzz permanente. Chaque soir, l’actualité des médias est disséquée sans filtre et les invités se prêtent à des happenings loufoques.
Chez Hanouna, seule compte la course à l’Audimat. L’animateur n’hésite pas à repousser les limites pour faire le show et créer le buzz.
Nathalie Sonnac, professeure en sciences de l’information et de la communication
Les audiences sont au rendez-vous : avec près de 1,9 million de fidèles en moyenne et des pics à plus de 2 millions, TPMP est devenu le programme le plus regardé en access prime-time. Une performance d’autant plus remarquable que la chaîne C8 réalise habituellement moins de 3% de part d’audience.
Les dérapages à répétition de l’animateur
Mais cette quête effrénée du buzz s’accompagne de fréquents dérapages. En une décennie, l’émission a été épinglée à de multiples reprises par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) :
- Injures et diffamation
- Atteintes à la vie privée
- Gestes déplacés et à connotation sexuelle
- Non-respect de la présomption d’innocence
- Promotion de thèses complotistes
Jamais dans l’histoire de la télévision, un animateur n’aura été autant rappelé à l’ordre. En 2022, après un énième dérapage, le CSA inflige à C8 une amende record de 3,5 millions d’euros. Insuffisant pour assagir Cyril Hanouna qui, en 2023, traite en direct un député de « bouffon » et de « tocard ».
Sur le plateau de TPMP, tous les coups sont permis
Au-delà des débats houleux, les séquences potaches se multiplient dans des émissions aux concepts douteux : combat de boxe entre chroniqueurs, dégustation de tisanes aphrodisiaques, relooking de candidats dans la « Baba Fashion Week »…
Le degré zéro de la télévision. On marche sur la tête, c’est affligeant.
Patrick Menais, journaliste au Figaro
Pour Cyril Hanouna, tout cela participe au show. Et peu importe les critiques, tant que les téléspectateurs sont au rendez-vous. Il se pose en défenseur d’une « télévision populaire », à contre-courant de « l’entre-soi » des élites parisiennes.
Hanouna, un phénomène qui interroge
Le succès de l’animateur questionne sur l’évolution de la télévision et son rapport à la transgression. Les polémiques à répétition n’entament en rien sa popularité, bien au contraire. Plus il est critiqué, plus il est regardé.
Faut-il y voir le symptôme d’une « trash TV » où seul le buzz compte ? Ou le reflet d’une époque où les repères ont volé en éclat et où une part croissante du public adhère à un discours anti-système ?
Adulé autant que décrié, Cyril Hanouna ne laisse en tout cas personne indifférent. Et il compte bien continuer à bousculer le PAF, quitte à essuyer les foudres des autorités. Après tout, pour celui qui a fait du buzz sa marque de fabrique, l’indignation est le meilleur des carburants.