Stupeur et incompréhension au tribunal correctionnel de Nantes. Vendredi 19 juillet 2024, un détenu poursuivi pour apologie du terrorisme a été purement et simplement relaxé, faute d’éléments suffisants selon la justice. Pourtant, les propos rapportés par une surveillante de la maison d’arrêt sont particulièrement inquiétants. Retour sur une décision qui fait polémique.
Des paroles menaçantes impunies ?
Le 9 mai 2024, alors qu’elle raccompagne seule le détenu à sa cellule, une surveillante pénitentiaire affirme avoir entendu des propos choquants. “Voilà pourquoi on s’engage à Daesh. Ce qui arrive, vous l’avez cherché. On va tout faire péter”, aurait déclaré le prisonnier en la fixant “droit dans les yeux” selon son témoignage. Des menaces explicites qui font froid dans le dos, prononcées au sein même de la prison.
Pourtant, moins d’une demi-heure plus tard, le mis en cause ressort libre du tribunal. Motif invoqué par les juges : le manque d’éléments suffisants pour caractériser l’apologie du terrorisme. Une décision difficilement compréhensible pour beaucoup, tant les mots rapportés semblent sans équivoque et lourds de sens dans le contexte actuel.
La parole des surveillants remise en cause ?
Au-delà de l’indignation légitime suscitée par ces propos, c’est aussi le signal envoyé au personnel pénitentiaire qui interroge. En relaxant le détenu malgré le témoignage circonstancié de la surveillante, la justice ne jette-t-elle pas le doute sur sa parole ? Un message inquiétant pour ces femmes et ces hommes confrontés quotidiennement aux détenus radicalisés.
On ne peut s’empêcher de penser aux conséquences sur le terrain. Les surveillants vont-ils désormais hésiter à rapporter ce genre de propos par peur de ne pas être crus ?
s’alarme un responsable syndical du personnel pénitentiaire
La justice désarmée face à la menace terroriste en prison ?
Cette affaire met en lumière les difficultés de l’institution judiciaire à appréhender la problématique de la radicalisation en milieu carcéral. Malgré des propos qui relèvent à l’évidence de la menace terroriste, le détenu repart libre, renvoyant une image d’impuissance inquiétante.
Pourtant, les prisons constituent depuis longtemps des foyers de radicalisation, comme l’ont démontré de nombreux attentats commis par d’anciens détenus. Un constat alarmant qui appelle des réponses fermes de la part des autorités.
- Selon un rapport parlementaire, 512 détenus étaient recensés comme radicalisés en France en octobre 2018
- Plusieurs attentats majeurs ont été perpétrés par des individus radicalisés en prison, notamment ceux de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher
Une relaxe qui suscite l’incompréhension
Dans ce contexte, la clémence affichée par le tribunal correctionnel de Nantes a de quoi laisser perplexe. Alors que la vigilance est plus que jamais de mise face à la nébuleuse terroriste, ce genre de décision envoie un message brouillé à l’opinion et aux acteurs de terrain.
Une relaxe incompréhensible et déconnectée des attentes légitimes des Français en matière de fermeté vis-à-vis de la mouvance radicale. La justice, pourtant en première ligne dans la lutte antiterroriste, doit impérativement muscler sa réponse pénale si elle veut endiguer efficacement cette menace qui gangrène nos prisons et menace notre société.