À quelques jours du coup d’envoi des Jeux Olympiques de Paris 2024, une question brûlante agite les passionnés de sport : le football masculin a-t-il encore sa place aux JO ? Entre des équipes privées de leurs meilleurs éléments et un intérêt en berne, cette discipline historique traverse une crise existentielle. Décryptage d’un tournoi en quête de sens.
Un prestige olympique écorné
Contrairement au tournoi féminin qui réunit les meilleures nations et joueuses, la compétition masculine souffre d’un déficit d’image. La faute à une réglementation restrictive qui limite à trois le nombre de joueurs de plus de 23 ans par sélection. Un choix assumé par la FIFA mais décrié par de nombreux observateurs à l’instar de Michel Platini :
La FIFA n’a jamais voulu que les meilleurs viennent. On a droit à une équipe B, C, D… Ça n’a aucun intérêt.
– Michel Platini, ancien meneur de jeu des Bleus
Résultat, le plateau proposé manque de renommée avec la présence surprenante de nations mineures comme l’Irak ou l’Ouzbékistan, très loin du gotha mondial. Un contraste saisissant avec d’autres sports collectifs majeurs tels que le basket qui s’apprête à vivre l’un des tournois les plus relevés de son histoire olympique.
L’ombre des clubs plane sur la compétition
Au-delà des limitations d’âge, ce sont surtout les clubs, employeurs des joueurs, qui plombent la compétitivité du tournoi. Soucieux de préserver leurs intérêts, des géants européens comme le Real Madrid ou l’Atlético ont purement et simplement refusé de libérer leurs internationaux.
Un camouflet pour des nations ambitieuses à l’image de la France, privée de nombreux cadres à l’instar de Kylian Mbappé, Eduardo Camavinga ou encore Antoine Griezmann. Une situation ubuesque résumée avec ironie par le sélectionneur des Bleus Thierry Henry :
Je n’ai pas pris autant de rejets depuis le collège.
– Thierry Henry, sélectionneur de l’équipe de France olympique
Le football, une anomalie olympique ?
Au-delà des considérations sportives, c’est la place même du football masculin aux JO qui interroge. Dans un calendrier international surchargé rythmé par les compétitions majeures telles que la Coupe du Monde, l’Euro ou la Ligue des Champions, difficile pour le tournoi olympique de tirer son épingle du jeu.
D’autant que l’essence des Jeux réside dans la mise en lumière de disciplines et d’athlètes moins médiatisés. Un crédo difficilement compatible avec l’ultra-médiatisation du ballon rond où le moindre fait et geste des stars est épié, disséqué, commenté. Une surexposition appelée à s’accentuer avec l’avènement en 2025 d’un Mondial des Clubs à 32 équipes.
Face à ce constat, certaines voix s’élèvent pour réclamer un recentrage du programme olympique sur les sports pour lesquels les JO représentent le summum. Un débat complexe mais salutaire à l’heure où le mouvement olympique s’interroge sur son avenir et ses priorités.
Quel avenir pour le football olympique masculin ?
À l’aube de Paris 2024, une évidence s’impose : le football masculin traverse une crise existentielle dans le giron olympique. Entre désintérêt des fans, réticences des clubs et impossibilité de présenter les meilleurs joueurs, son maintien apparaît de plus en plus anachronique.
Pour autant, compte tenu du poids économique et de l’universalité du ballon rond, difficile d’imaginer les instances dirigeantes acter son retrait pur et simple du programme. L’hypothèse d’une refonte en profondeur de la formule, avec une libération des joueurs par les clubs et une revalorisation de l’événement, semble à ce stade la piste la plus probable. Une nécessité pour redonner ses lettres de noblesse à un tournoi en perte de vitesse.
Reste à savoir si le football masculin saura se réinventer pour gagner sa place dans le cœur des fans et des athlètes. Le défi est immense mais indispensable pour ne pas voir cette discipline mythique être reléguée à une simple anomalie olympique, loin des projecteurs et de la ferveur des grands rendez-vous. Paris 2024 pourrait bien être le tournant décisif.