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Loup en Haute-Garonne : Éleveurs Inquiets Face aux Attaques

En Haute-Garonne, des éleveurs sont sous le choc. Un loup rôde et a déjà tué plus de 45 bêtes depuis avril. Face à cette menace sans précédent, un sentiment d'impuissance grandit. Comment protéger les troupeaux ? Des solutions existent mais...

C’est une présence aussi soudaine qu’inédite qui sème l’inquiétude chez les éleveurs de Haute-Garonne. Depuis avril dernier, un loup rôde dans le Lauragais, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Toulouse. Et le bilan est déjà lourd : plus de 45 bêtes ont été tuées en l’espace de trois mois, laissant les exploitants agricoles dans un profond désarroi.

Un prédateur jamais vu dans la région

Marie-Blandine Doazan, première vice-présidente de la chambre d’agriculture de Haute-Garonne, ne cache pas son inquiétude face à cette situation inédite : « On est face à quelque chose de très nouveau », confie-t-elle lors d’un point presse. Car si la présence du loup est attestée dans une soixantaine de départements français, c’est la première fois que ce grand prédateur fait parler de lui en Haute-Garonne.

Depuis son arrivée en avril, pas moins de trois exploitations ont été touchées par ses attaques, toutes situées dans le Lauragais. Cédric Rey, éleveur à Saint-Félix-Lauragais, a été le plus durement frappé avec près de 45 brebis tuées sur son exploitation qui en comptait 280. « Le matin, on ne sait ni ce que l’on va trouver et ni dans quel état », témoigne-t-il, évoquant un « sentiment d’impuissance » face à ce fléau.

Un préjudice financier et moral

Au-delà du préjudice financier, encore en cours d’évaluation, c’est aussi un lourd tribut moral que paient ces agriculteurs. « Il est important de ne pas rester seul » dans ces moments difficiles, souligne Marie-Blandine Doazan, rappelant l’investissement sans faille des éleveurs auprès de leurs bêtes.

Face à cette menace venue des montagnes, certains envisagent déjà des mesures de protection comme l’acquisition de chiens patous ou la pose de clôtures électriques. Des investissements conséquents pour tenter de sécuriser des troupeaux jusqu’ici épargnés par ce type de prédation.

Une opération d’effarouchement prévue

Les services de l’État ne restent pas inactifs face à cette situation préoccupante. Le préfet de Haute-Garonne a annoncé qu’une opération d’effarouchement du loup aurait prochainement lieu aux alentours de Saint-Félix-Lauragais. Des tirs non létaux seront effectués, conformément au Plan loup national, dans l’espoir de repousser l’animal vers des zones moins problématiques.

Mais ces mesures seront-elles suffisantes pour rassurer des éleveurs sous le choc de cette irruption brutale du loup si près de Toulouse ? Beaucoup en doutent et craignent de voir ce prédateur s’installer durablement dans un territoire jusqu’ici épargné. Une chose est sûre, le loup n’a pas fini de faire parler de lui en Haute-Garonne.

Le loup, une espèce protégée mais préoccupante

Disparu de France dans les années 1930, le loup y a fait son retour par l’Italie au début des années 1990. Depuis, l’espèce n’a cessé de progresser et de coloniser de nouveaux territoires, des Alpes à la Lorraine en passant par les Pyrénées et le Massif Central. Une expansion géographique facilitée par le statut d’espèce protégée dont bénéficie le canidé, mais qui suscite tensions et crispations là où il s’attaque aux troupeaux.

Car si nul ne remet en cause l’intérêt écologique de ce grand prédateur, force est de constater que sa cohabitation avec le pastoralisme ne va pas sans heurts. Malgré les dispositifs d’aide à la protection des troupeaux et le système d’indemnisation des dommages, de nombreux éleveurs vivent mal ce qu’ils considèrent comme une prédation insupportable.

Un sentiment exacerbé par les lourdes contraintes, financières et de travail, qu’implique la mise en place de mesures de protection. D’autant que celles-ci ne suffisent pas toujours à prémunir les troupeaux des attaques, alimentant un climat de défiance envers un prédateur perçu comme une menace pour la pérennité de l’élevage extensif.

La situation est particulièrement mal vécue par les exploitants qui voient leurs animaux sauvagement tués, sans pouvoir faire grand chose pour les protéger efficacement.

Cédric Rey, éleveur touché par les attaques de loup en Haute-Garonne

Si la prédation du loup reste globalement limitée à l’échelle nationale, avec moins de 12 000 animaux tués ou blessés par an sur près de 7 millions d’ovins et de caprins, chaque attaque est vécue comme un drame par les éleveurs concernés. C’est cette détresse, mêlée de colère et d’impuissance, qui s’exprime aujourd’hui en Haute-Garonne, département jusqu’ici épargné mais brutalement confronté à son tour au défi du loup.

Concilier pastoralisme et présence du loup, un défi majeur

Au-delà du cas haut-garonnais, c’est la question plus générale de la cohabitation entre élevage et grands prédateurs qui se pose avec acuité. Un défi complexe qui implique de trouver un équilibre délicat entre la nécessaire protection d’une espèce emblématique et le maintien d’une activité pastorale essentielle à la vie des territoires ruraux.

Cela passe par une meilleure prise en compte des difficultés rencontrées par les éleveurs, un renforcement des dispositifs d’accompagnement et d’indemnisation, mais aussi par une gestion pragmatique et territorialisée des populations de loups. Un savant dosage entre protection et régulation, seul à même d’apaiser les tensions et de construire une coexistence durable entre l’Homme et ce fascinant prédateur. Encore faut-il en avoir la volonté politique et se donner les moyens de cette ambition.

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