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Nouvelle-Calédonie : Vers une Reprise du Dialogue ?

Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise politique majeure depuis plus de deux mois, les élus indépendantistes lancent un appel au dialogue. Une mission parlementaire pourrait être envoyée sur place pour renouer le contact. Mais l'État sera-t-il à l'écoute des revendications...

Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une crise politique et sociale d’une ampleur inédite depuis plus de deux mois, les élus indépendantistes lancent un appel à la reprise du dialogue. Le député Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie, figures de proue du camp indépendantiste, préconisent l’envoi sur place d’une mission parlementaire pour renouer le contact entre les différentes parties et tenter de sortir de l’impasse.

Une crise aux racines profondes

Depuis la mi-mai, l’archipel du Pacifique est secoué par un mouvement de contestation d’une rare violence. Tout a commencé avec la suspension par Emmanuel Macron du projet de réforme électorale, qui prévoyait un dégel du corps électoral pour les élections provinciales. Les indépendantistes ont vu dans cette décision une tentative de marginaliser le poids de la population autochtone kanak.

Le bilan est lourd : 10 morts, 3500 membres des forces de l’ordre déployés, un couvre-feu toujours en vigueur et plus de 2,2 milliards d’euros de dégâts selon les estimations du gouvernement local. Une situation intenable qui appelle des réponses politiques urgentes.

Redonner confiance aux indépendantistes

Pour les élus indépendantistes, la priorité est de rétablir un climat de confiance. «Pour reprendre la main, il faut redonner des gages de confiance aux indépendantistes», a martelé Emmanuel Tjibaou lors d’une conférence de presse. Il demande à l’État une «position claire» sur l’annulation du projet de dégel du corps électoral.

On ne peut pas reconstruire le pays tant que les discussions ne seront pas faites.

Robert Xowie, sénateur indépendantiste de Nouvelle-Calédonie

Concrètement, les deux élus préconisent l’envoi sur place d’une mission parlementaire. L’objectif : offrir une «opportunité dans laquelle nos compatriotes puissent échanger», selon les mots du député Tjibaou. Un moyen de renouer le fil du dialogue rompu depuis plusieurs semaines.

Le spectre d’une crise humanitaire

Au-delà de la question institutionnelle, c’est la situation économique et sociale de l’archipel qui inquiète. «Si on ne répond pas aux problématiques de la crise économique, on risque de se retrouver dans une crise humanitaire, où le politique n’aura plus sa place», alerte Emmanuel Tjibaou.

Avec des dégâts chiffrés à plus de 2 milliards d’euros, de nombreux secteurs économiques sont à l’arrêt. Le tourisme, pilier de l’économie calédonienne, est particulièrement affecté. De quoi faire craindre une explosion de la précarité et des tensions.

L’État sera-t-il à l’écoute ?

Reste à savoir si l’appel des élus indépendantistes sera entendu par l’État. Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron, appelant à une «trêve politique» pendant les Jeux Olympiques, ne vont pas vraiment dans ce sens. «Il ne peut y avoir de trêve en situation de misère sociale», lui a répondu la députée Béatrice Bellay.

La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Va-t-il saisir la main tendue par les indépendantistes pour renouer le dialogue ? Ou va-t-il continuer dans une logique de fermeté et de statu quo ? L’avenir de la Nouvelle-Calédonie en dépend largement.

Une chose est sûre : il y a urgence à agir. Car derrière la crise politique, c’est la cohésion sociale et le vivre-ensemble qui sont menacés dans cet archipel meurtri. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si la Nouvelle-Calédonie parvient à endiguer la spirale de la violence.

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