Les révélations s’enchaînent et ne sont pas près de s’arrêter. Après l’ouverture la semaine dernière d’une enquête sur l’attribution d’un logement social flambant neuf à la mère de la présidente de l’office HLM 13 Habitat, c’est au tour de la fille d’un haut cadre de bénéficier d’un traitement de faveur plus que douteux. La jeune femme aurait en effet obtenu la location d’un appartement entièrement rénové dans un quartier prisé du sud de Marseille. Un nouveau scandale qui ébranle un peu plus le monde du logement social marseillais.
Enquête ouverte par le parquet
Face à ces révélations en cascade, le parquet de Marseille a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire pour faire la lumière sur ces attributions suspectes. Les chefs d’accusation sont lourds : «détournement de fonds publics», «recel» et «prise illégale d’intérêts». L’enquête a été confiée à la redoutable brigade de criminalité financière. Tous les regards sont désormais tournés vers la présidente de 13 Habitat, Nora Preziosi, dont la probité est sérieusement remise en cause.
L’attribution de ce logement a été faite dans les règles et les travaux selon les critères en vigueur. Il n’y a aucun dysfonctionnement.
13 Habitat
De son côté, l’office HLM tente de calmer le jeu et assure que «l’attribution de ce logement a été faite dans les règles et les travaux selon les critères en vigueur. Il n’y a aucun dysfonctionnement.» Une ligne de défense qui peine à convaincre tant les faits semblent accablants. Comment justifier que la fille d’un proche collaborateur de la présidente et cette dernière aient pu bénéficier de logements sociaux dans des secteurs extrêmement demandés et entièrement rénovés ?
Levée de boucliers
Ces révélations suscitent une vive indignation, dans une ville gangrenée par les passe-droits et minée par une pénurie de logements abordables. Sur les réseaux sociaux, les internautes dénoncent un système à deux vitesses où les logements les plus attractifs sont réservés aux proches du pouvoir pendant que des milliers de familles modestes attendent désespérément un toit.
Les élus locaux, qui président les commissions d’attribution, sont également montrés du doigt. Leur silence assourdissant depuis le début de l’affaire laisse planer le doute sur l’étendue de ce système de favoritisme. Certains réclament la démission immédiate de la présidente de 13 Habitat et un grand ménage dans les instances dirigeantes.
Procédures d’attribution à revoir
Au-delà des sanctions individuelles, c’est tout le système d’attribution des HLM à Marseille et sa totale opacité qui est pointé du doigt. Comment s’assurer que les logements sont attribués de manière équitable et transparente ? Comment éviter que des élus ou des agents indélicats n’usent de leur influence pour favoriser leurs proches ? Une refonte totale des procédures et un contrôle accru semblent plus que jamais nécessaires pour rétablir la confiance.
Cette affaire de passe-droits présumés n’est malheureusement pas une première à Marseille, déjà secouée par de nombreux scandales dans le domaine du logement social. Elle risque de fragiliser un peu plus des organismes HLM déjà très critiqués pour leur gestion et confrontés à d’immenses défis, entre rénovation de leur parc vieillissant et réponse aux besoins croissants de la population.
La justice devra faire la lumière
Seule une enquête approfondie, allant au-delà des premières révélations, pourra déterminer l’ampleur des dysfonctionnements et des malversations au sein de 13 Habitat. La justice devra faire preuve d’une grande fermeté si les faits sont avérés. Car au-delà du nécessaire assainissement des pratiques, c’est la confiance des Marseillais les plus modestes dans les institutions censées les protéger qui est en jeu. Une confiance déjà bien fragile et qui risque d’être durablement entamée par ce énième scandale.
À Marseille plus qu’ailleurs, le mot d’ordre devra être la transparence. Car pour les milliers de familles en attente d’un logement social, l’idée même que ces attributions si convoitées puissent se faire au mépris des règles et de l’équité est insupportable. Les politiques et les bailleurs sociaux devront impérativement se réformer s’ils veulent regagner la confiance des citoyens. Et cela commence par des sanctions exemplaires lorsque la loi est si ouvertement bafouée.