À seulement 25 ans, le Slovène Tadej Pogacar vient de remporter son troisième Tour de France, sa deuxième grande boucle de la saison après un Giro écrasé en mai. Une domination sans partage qui rappelle les plus grandes heures du cyclisme, mais ravive aussi les soupçons d’une époque que l’on croyait révolue. Retour sur le règne du nouveau cannibale et les questions qu’il soulève.
Un palmarès déjà immense
En seulement cinq participations, Tadej Pogacar est monté à chaque fois sur le podium du Tour de France, dont trois fois sur la plus haute marche. Un exploit que le monde du vélo n’avait plus vu depuis Miguel Indurain dans les années 90. Ajoutez à cela ses victoires écrasantes sur le dernier Giro et sa mainmise sur les classiques, et vous obtenez un palmarès à faire pâlir Eddy Merckx lui-même.
Mon rêve est d’être champion du monde et de porter ce maillot. Gagner la Vuelta aussi et tenter ma chance sur Paris-Roubaix.
– Tadej Pogacar
Des ambitions démesurées ? Pas pour celui qui rêve de marcher dans les pas du Cannibale en s’attaquant à tous les records. Prochain défi : le titre mondial en septembre. Avant un inédit doublé Giro-Tour-Vuelta ?
Une équipe taillée pour gagner
Au-delà de son talent brut, Pogacar peut s’appuyer sur la puissance de son équipe UAE Emirates. Avec des lieutenants de luxe comme Adam Yates ou Marc Soler, le Slovène bénéficie d’une garde rapprochée que lui envieraient les meilleurs. Une force collective qui lui a permis par exemple de dynamiter le dernier Giro avec 3 coureurs dans le top 10 au final!
La science au service de la performance
Comme toutes les top teams, UAE mise aussi beaucoup sur l’optimisation de tous les paramètres. Positionnement, nutrition, entraînement en altitude… Rien n’est laissé au hasard pour amener Pogacar au sommet de sa forme sur les grands tours. Le Slovène a ainsi peaufiné sa position contre-la-montre, son point faible l’an dernier, et modifié son approche nutritionnelle.
Il y a six ans, tout était une question de glucides au petit-déjeuner. Maintenant, nous avons des petits-déjeuners plus équilibrés et je pense que cela fait déjà une petite différence.
– Tadej Pogacar
Des records qui interrogent
En pulvérisant le record de Marco Pantani dans l’ascension du Plateau de Beille, Tadej Pogacar a réalisé la meilleure performance de l’histoire sur une montée de plus de 35 minutes, tutoyant la barre symbolique des 7 watts/kg. De quoi raviver le spectre du dopage, dans un sport qui a été gangrené par les affaires.
Même si le matériel a évolué depuis les années Pantani, difficile de ne pas s’interroger devant une telle domination. D’autant que le nom de UAE est cité dans une enquête sur l’utilisation du monoxyde de carbone pour améliorer les performances…
Il y aura toujours des doutes, le cyclisme a connu un passé trouble. Il y aura toujours des gens pour te jalouser ou te détester.
– Tadej Pogacar
Le principal intéressé a répondu aux soupçons en assurant que le cyclisme était aujourd’hui “l’un des sports les plus propres du monde”. Reste que son écrasante supériorité laisse un goût amer au vu de l’histoire récente du vélo. Espérons que le prodige slovène ne fera pas revivre aux amoureux de la petite reine les désillusions de l’ère Armstrong…