Moins d’une semaine après le dramatique incendie qui a ravagé un immeuble du quartier des Moulins à Nice, faisant sept victimes dont trois enfants, l’enquête semble avancer à grands pas. Ce lundi, le procureur de la République de Nice a annoncé l’interpellation de l’un des trois incendiaires présumés, appréhendé en région parisienne par les agents de la BRI.
Ce rebondissement intervient quelques jours seulement après le placement en garde à vue d’un premier individu, présenté initialement comme un « proche » des suspects. Mais selon certaines sources, il pourrait en réalité s’agir d’un des pyromanes recherchés. Une conférence de presse est prévue en fin de journée, lors de laquelle le magistrat Damien Martinelli devrait faire un point détaillé sur l’avancée des investigations.
Une piste criminelle confortée
Dès les premières heures après le sinistre, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi, la thèse d’un incendie volontaire sur fond de trafic de stupéfiants avait été privilégiée par les enquêteurs. Des images de vidéosurveillance avaient en effet montré trois individus, jerricans à la main, pénétrer dans l’immeuble juste avant le départ de feu.
Les premiers résultats des investigations confortent totalement la piste criminelle.
– Damien Martinelli, procureur de Nice
Selon les premières constatations, trois foyers distincts avaient été identifiés aux 1er, 2e et 3e étages, contribuant à une propagation fulgurante des flammes. Des éléments accablants qui laissent peu de doutes sur le caractère intentionnel et prémédité de ce drame.
Le lourd bilan humain
Piégés par les flammes et la fumée, six des occupants de l’immeuble, dont quatre mineurs âgés de 5 à 17 ans, sont décédés dans leur appartement. Une septième victime s’est défenestrée dans une tentative désespérée d’échapper à l’enfer. Un bilan terrible qui a suscité une vive émotion dans le quartier et bien au-delà.
Des suspects liés au trafic de drogue ?
Si le procureur reste prudent sur le profil et les motivations exactes des incendiaires présumés, la piste d’un règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants semble se dessiner. Le quartier des Moulins, classé zone de sécurité prioritaire, est en effet gangrené depuis des années par les réseaux de drogue.
Mais les victimes, décrites comme une famille sans histoires, ne semblaient pas directement visées. Ce qui laisse penser à une terrible erreur ou à des représailles aveugles de la part des trafiquants. Des zones d’ombre que devra éclaircir l’enquête, désormais entre les mains de la police judiciaire et de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).
Colère et interrogations des habitants
Sur place, proches et voisins des victimes ont exprimé leur immense tristesse mais aussi leur colère face à ce drame qu’ils jugent évitable. Beaucoup dénoncent l’emprise des dealers et l’inaction des pouvoirs publics face à la délinquance qui mine le quartier.
On cherchait des extincteurs et il n’y en avait pas ! Les dealers font la loi ici et personne ne fait rien.
– Un habitant du quartier
Au-delà de l’émotion, cet incendie meurtrier pose de manière crue la question de la sécurité et du contrôle des trafics dans ces zones sensibles gangrenées par la criminalité. Un défi immense pour les autorités, sommées de réagir face à cette spirale meurtrière.
La conférence de presse de ce lundi devrait permettre d’en savoir plus sur les détails de l’enquête et le profil des suspects interpellés. Mais quelle que soit l’issue judiciaire, les familles endeuillées ne pourront jamais retrouver leurs proches injustement arrachés par les flammes de la violence et de l’inhumanité. Un drame de trop qui ne doit pas rester impuni.