Le Bangladesh traverse actuellement une période de turbulences, alors que des manifestations estudiantines secouent le pays depuis plusieurs jours. Au cœur des revendications : la suppression des quotas pour le recrutement dans la fonction publique. Malgré une répression policière musclée, le mouvement ne faiblit pas, avec déjà plus de 500 arrestations recensées dans la seule capitale Dacca.
Une contestation qui s’enracine
Tout a commencé il y a quelques semaines, quand des étudiants ont lancé un vaste mouvement de protestation contre le système de quotas régissant l’accès à la fonction publique bangladaise. Selon eux, ces quotas favoriseraient certaines catégories de la population au détriment du mérite. Rapidement, la contestation a pris de l’ampleur, gagnant les principaux campus universitaires du pays.
Face à cette fronde, les autorités ont réagi par la manière forte. Matraquages, gaz lacrymogènes, canons à eau… Les affrontements entre policiers et manifestants ont été d’une rare violence, faisant de nombreux blessés des deux côtés. Mais loin de calmer les ardeurs contestataires, cette répression n’a fait que renforcer la détermination des étudiants.
Une répression tous azimuts
Selon un bilan communiqué par la police de Dacca, plus de 500 personnes ont déjà été arrêtées depuis le début des manifestations dans la capitale bangladaise. Parmi elles, de nombreux dirigeants et militants de l’opposition, dont certaines figures de premier plan comme le numéro trois du Parti national du Bangladesh (BNP).
Au moins 532 personnes ont été arrêtées à la suite de violences.
Faruk Hossain, porte-parole de la police de Dacca
Au-delà des arrestations, le bilan humain de ces troubles est particulièrement lourd. Les autorités font état d’au moins trois policiers tués et d’un millier de blessés, dont une soixantaine dans un état critique. Côté manifestants, aucun chiffre officiel n’a été communiqué mais de nombreux témoignages font état de dizaines d’étudiants grièvement touchés.
Un appel à l’aide internationale
Face à cette situation explosive, Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix bangladais, est monté au créneau. Dans un communiqué, il a exhorté la communauté internationale à “mettre fin aux violences” et à agir de toute urgence pour protéger le droit de manifester pacifiquement. Une prise de position courageuse de la part de cet économiste respecté, par ailleurs en conflit ouvert avec la Première ministre Sheikh Hasina.
J’appelle de toute urgence les dirigeants internationaux et les Nations unies à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à la violence.
Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix
Pour l’heure, les manifestations semblent marquer une pause, le leader étudiant ayant appelé à une trêve de 48 heures. Mais nul doute que, sans réponse concrète des autorités, le mouvement reprendra de plus belle. Car au-delà de la question des quotas, c’est bien la soif de changement d’une jeunesse lassée des dérives autoritaires du pouvoir qui s’exprime aujourd’hui dans les rues de Dacca et du Bangladesh.