À moins d’une semaine de l’élection présidentielle au Venezuela, prévue le 28 juillet, la tension est à son comble dans le pays. Le président sortant Nicolas Maduro, qui brigue un nouveau mandat, a eu recours à une rhétorique particulièrement belliqueuse lors de récents meetings de campagne. Il a ainsi évoqué le spectre d’un “bain de sang” et d’une “guerre civile” si le chavisme, le mouvement politique qu’il représente, venait à perdre le scrutin.
Lors d’un meeting à Maturin dans l’est du pays, Maduro a lancé : “Le 28 juillet se décide le futur du Venezuela pour les 50 prochaines années, de s’il devient un Venezuela de paix ou un Venezuela convulsé, violent et perclus de conflits. Paix ou guerre !” Il a présenté l’élection comme un choix entre la “paix” avec le chavisme et le “fascisme” de l’opposition qui entraînerait le pays dans le chaos.
Si vous ne voulez pas que le Venezuela plonge dans un bain de sang, dans une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes, garantissons le plus grand succès, la plus grande victoire électorale de notre peuple.
– Nicolas Maduro, lors d’un meeting à Caracas
L’opposition vénézuélienne en position de force
Face à Maduro, l’opposition part favorite dans les sondages, portée par la candidature d’Edmundo Gonzalez Urrutia. Ce dernier a bénéficié du soutien de Maria Corina Machado, grande gagnante des primaires de l’opposition fin 2023 mais déclarée inéligible. Les enquêtes d’opinion donnent une avance confortable à Gonzalez sur le président sortant, ce qui explique en partie la fébrilité de ce dernier et sa rhétorique va-t-en-guerre.
La crise économique et sociale, talon d’Achille de Maduro
Après deux mandats marqués par une profonde crise économique et sociale, une hyperinflation galopante et des pénuries généralisées, le bilan de Nicolas Maduro est très contesté. Une large partie de la population aspire au changement et voit dans cette élection l’opportunité d’en finir avec plus de 20 ans de chavisme au pouvoir. Maduro tente de mobiliser sa base en agitant le chiffon rouge de la menace fasciste et de la violence, comme il l’avait déjà fait avec succès par le passé.
Le risque de violences post-électorales
Mais en évoquant aussi crûment un possible “bain de sang”, et alors que l’opposition dénonce déjà les entraves mises à sa campagne, le président vénézuélien fait peser de lourdes incertitudes sur la suite du processus électoral. Beaucoup craignent des troubles importants, voire des violences, si les résultats venaient à être contestés. Le Venezuela joue une fois de plus son avenir dans un climat de tensions extrêmes.