Alors que l’Europe renforce ses contrôles en Méditerranée, la route migratoire de l’Atlantique devient de plus en plus empruntée par les candidats à l’exil, particulièrement depuis les côtes sénégalaises. Un phénomène alarmant qui s’est encore illustré ces derniers jours, avec l’interception par la marine sénégalaise de plus de 250 migrants en seulement 48 heures. Un drame humain qui soulève de nombreuses questions sur les raisons poussant cette jeunesse à risquer sa vie, et sur les solutions à apporter.
La dangereuse “route de l’Atlantique”
Venus de différents pays d’Afrique de l’Ouest, ces centaines d’hommes et de femmes s’apprêtaient à prendre la mer depuis Saint-Louis et Lompoul, zones de pêche dans le nord du Sénégal devenues des points de départ prisés des passeurs. Entassés à bord de longues pirogues en bois, surchargées et souvent mal équipées, ils espéraient rejoindre les îles Canaries, porte d’entrée de l’Europe, au péril de leur vie.
Car la traversée de l’Atlantique est extrêmement risquée : forts courants, bateaux de fortune, manque d’eau et de nourriture… Les drames sont fréquents. Début juillet, près de 90 migrants ont péri au large de la Mauritanie voisine, lorsque leur embarcation partie du Sénégal a chaviré. Un terrible naufrage, mais loin d’être un cas isolé.
«Votre solution ne se trouve pas dans les pirogues»
– Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais
Les raisons du départ
Mais qu’est-ce qui pousse ces jeunes à tout quitter et à risquer leur vie ? Pauvreté, chômage, manque de perspectives… Malgré une croissance économique, beaucoup ne voient pas d’avenir dans leur pays. L’eldorado européen fait rêver, avec ses promesses d’emploi et de réussite. Un mirage souvent fatal.
Face à ce constat, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a appelé la jeunesse à renoncer à emprunter ces routes migratoires mortelles :
«L’avenir du monde est en Afrique, et vous devez en être conscients, vous les jeunes. Le seul continent qui a encore une marge de progression et de croissance importante, c’est l’Afrique»
– Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais
Quelles solutions ?
Mais au-delà des paroles, comment endiguer ce phénomène ? Si les contrôles et la répression des réseaux de passeurs sont nécessaires, ils ne suffiront pas. C’est à la racine du problème qu’il faut s’attaquer, en donnant à cette jeunesse des raisons d’espérer et de rester.
- Investir massivement dans l’éducation et la formation pour donner des compétences.
- Soutenir l’entrepreneuriat et la création d’emplois locaux.
- Mettre en place des politiques de co-développement avec l’Europe, encourageant les investissements et les partenariats plutôt que la “fuite des cerveaux”.
Enfin, changer le regard et le narratif sur l’Afrique sera essentiel. Cesser de la dépeindre comme un continent sans avenir, promis à la misère et à l’instabilité. Mettre en avant ses réussites, son potentiel, sa jeunesse qui ne demande qu’à construire. Redonner fierté et confiance en l’avenir.
La lutte contre l’émigration clandestine est un défi majeur et de long terme, qui nécessite une action coordonnée des pays de départ et d’arrivée. Mais elle passe avant tout par redonner un espoir à cette jeunesse africaine. Un avenir qu’ils pourront, cette fois, bâtir sur leurs terres.
