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Le Délicat Équilibre Entre Protection Des Espèces Menacées Et Intérêts Humains

Deux affaires de destruction de pygargues à queue blanche, l'un abattu par des chasseurs, l'autre empoisonné par un pisciculteur, soulèvent la question épineuse de la cohabitation entre activités humaines et protection de la biodiversité. L'avocat Timothée Dufour revient sur ces dossiers qui...

La destruction récente de deux pygargues à queue blanche, espèce protégée dont il ne reste qu’une trentaine de spécimens en France, pose avec acuité la question de la cohabitation entre l’homme et la faune sauvage. Deux affaires distinctes mais symptomatiques d’un équilibre précaire, sur lesquelles l’avocat Timothée Dufour, défenseur de l’un des mis en cause, apporte son éclairage.

Braconnage Vs Dommages Collatéraux : Des Réalités Différentes

D’un côté, deux chasseurs condamnés par le tribunal de Grenoble pour avoir intentionnellement abattu un pygargue. De l’autre, un pisciculteur ardennais soupçonné d’avoir accidentellement empoisonné l’un de ces rapaces en tentant d’éloigner d’autres prédateurs de ses bassins. « Deux affaires qui n’ont strictement rien à voir », martèle d’emblée maître Dufour.

Si la justice a relevé « la lâcheté » du geste des chasseurs, le pisciculteur, lui, « n’avait aucune intention malveillante » envers cette espèce qu’il considérait au contraire comme un allié face aux cormorans dévastant ses stocks. Un dommage collatéral tragique né d’un acte de survie économique, dans une filière piscicole en souffrance.

L’État Attendu Au Tournant

Car c’est bien le désarroi d’une profession « abandonnée par l’État » face aux ravages causés par les grands cormorans, espèce invasive venue d’Asie, qui est au cœur du dossier ardennais. Malgré une récente décision du Conseil d’État enjoignant les pouvoirs publics à agir, les quotas de tir promis se font toujours attendre. « Que fait l’État depuis cette décision ? », s’interroge Me Dufour.

Le procès du 30 août, d’ailleurs, mettra en lumière le manque d’information délivré par les autorités nationales sur l’existence de cette espèce.

Maître Timothée Dufour

Une Mobilisation De Moyens Questionnée

L’avocat dénonce par ailleurs la « disproportion » entre la mobilisation des autorités – une cinquantaine d’agents déployés – et des faits selon lui involontaires. « Qu’est-ce qui justifie la mobilisation d’une cinquantaine de gendarmes, agents de l’OFB, maîtres renifleurs, vétérinaires et autres experts pour un acte totalement involontaire ? », s’offusque-t-il, dénonçant un acharnement judiciaire contre un « père de famille désemparé ».

Vers Une Meilleure Sensibilisation

Aujourd’hui, son client entend transformer ce drame en opportunité de dialogue et de sensibilisation. Contacts ont été pris avec le propriétaire du pygargue pour présenter des excuses et envisager des actions communes. « Il souhaite se rapprocher de son association et y contribuer d’une manière ou d’une autre, et notamment sur la sensibilisation de cette espèce auprès du public », souligne Me Dufour.

Deux affaires, deux contextes différents, mais une même urgence : repenser les équilibres entre activités humaines et préservation de la biodiversité. Un défi qui passe par « une meilleure information des acteurs concernés », selon la défense, pour que de tels drames ne se reproduisent plus. La justice tranchera le 30 août dans le dossier ardennais.

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