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Indépendantistes d’Outre-Mer S’Unissent à Bakou: La France Visée

Un vent d'indépendance souffle sur l'outre-mer français. En Azerbaïdjan, près de 20 partis indépendantistes s'unissent contre Paris et ses "politiques coloniales racistes". Bakou joue un rôle clé dans ce front inédit. Quelles seront les répercussions pour la France ?

Un vent d’indépendance souffle sur les territoires français d’outre-mer. Les 17 et 18 juillet, la capitale azérie Bakou a accueilli une rencontre extraordinaire : le premier “Congrès des mouvements d’indépendance des territoires colonisés par la France”. Près de vingt partis politiques et mouvements, de la Corse à la Polynésie en passant par les Caraïbes, se sont unis dans un front commun contre ce qu’ils dénoncent comme les “politiques coloniales racistes et répressives” de Paris. Un événement qui marque une nouvelle étape dans les velléités d’émancipation des confettis de l’empire colonial français.

L’Azerbaïdjan, hôte d’un congrès historique

Si le choix de l’Azerbaïdjan peut surprendre, il n’est pas anodin. Depuis plusieurs mois, cette ex-république soviétique du Caucase multiplie les gestes de soutien envers les mouvements indépendantistes français. Un centre de réflexion, le Groupe d’Initiative de Bakou, a même été créé en juillet 2023 lors d’un sommet des pays non-alignés pour coordonner ces opérations de dénigrement contre la France.

C’est sous son égide qu’a été organisé le Congrès de Bakou, à l’initiative de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe. L’objectif affiché : faire front commun contre le “colonialisme français”. Pari réussi, puisque les participants ont signé une “déclaration finale” actant la création d’un Front international de libération et approuvant sa charte.

Condamnation des “crimes coloniaux”

Dans cette déclaration, les signataires condamnent “fermement” les “politiques coloniales racistes et répressives de la France”, ciblant particulièrement “les crimes commis par le gouvernement français en Nouvelle-Calédonie et dans d’autres territoires coloniaux”. Ils soulignent par ailleurs “le rôle crucial de l’Azerbaïdjan dans le processus de décolonisation”.

Les participants s’engagent à une organisation et une coordination plus étroites de leurs activités. Ils annoncent leur volonté d’établir une “stratégie globale pour l’élimination du colonialisme”, avec “un plan d’action et un programme qui seront présentés aux organisations internationales”.

– Déclaration finale du Congrès de Bakou

Des bourses pour attirer les étudiants ultramarins

Autre initiative lancée lors de ce Congrès : la création d’un programme de bourses d’études destinées aux étudiants des territoires français d’outre-mer, pour les inciter à poursuivre leur cursus dans les universités azéries. Une manière pour Bakou d’accroître son influence auprès des jeunesses ultramarines.

Ces bourses seront mises en place dès cette année, a annoncé Abbas Abbasov, le directeur de l’ONG qui chapeaute le projet, sans toutefois préciser leur montant ni l’origine de leur financement.

Paris dénonce une “ingérence néfaste”

Du côté de Paris, cette offensive azérie suscite une vive inquiétude. Lors des violentes émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie en mai dernier, le drapeau de l’Azerbaïdjan était apparu dans les mains de nombreux manifestants indépendantistes, certains arborant même le portrait du président Ilham Aliev.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait alors dénoncé “l’ingérence extrêmement néfaste” de Bakou dans les affaires intérieures françaises. Mais le mal semble fait. Avec ce Congrès fondateur, l’Azerbaïdjan apparaît plus que jamais comme le parrain des indépendantismes français, bien décidé à attiser les braises de la contestation contre Paris.

Vers une internationalisation des luttes ?

Pour les mouvements indépendantistes ultramarins, ce front international représente une opportunité historique de faire entendre leur voix sur la scène mondiale et de donner une dimension nouvelle à leur combat. Fini le temps des luttes isolées et parcellaires. Place désormais à une coordination globale sous l’égide d’une puissance étrangère, l’Azerbaïdjan, qui entend jouer un rôle moteur dans le processus de “décolonisation”.

Une situation inédite qui place la France face à un défi majeur. Comment répondre à cette tentative de déstabilisation venue de l’extérieur, qui s’appuie sur les frustrations et les aspirations à l’émancipation de pans entiers de sa population ultramarine ? L’Hexagone parviendra-t-il à désamorcer ce front uni des indépendantismes sans attiser les tensions ? Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir des liens entre la France et ses territoires d’outre-mer.

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