Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont été présentés comme “les Jeux de toute la France”. Mais à un an du coup d’envoi, le risque grandit de voir les régions être les parents pauvres de ce méga-événement sportif. Si l’Île-de-France devrait sans surprise concentrer l’essentiel des bénéfices économiques et de la visibilité internationale, qu’en sera-t-il pour le reste des territoires ?
Une répartition inégale des sites de compétition
Sur les 36 sites olympiques, 25 se situeront en région parisienne. Certes, 10 sites ont été attribués en province, de Marseille pour la voile à Tahiti pour le surf, en passant par Lyon pour le football ou encore Lille pour le handball. Une délocalisation “assez inédite” pour des JO d’été selon Tony Estanguet, le patron du comité d’organisation. Mais ces sites régionaux n’accueilleront que des épreuves ponctuelles, loin de l’effervescence continue qui règnera en Île-de-France durant les Jeux.
Des retombées économiques concentrées sur Paris
Selon une étude du Centre de Droit et d’Économie du Sport (CDES), les Jeux de Paris 2024 devraient générer 10,7 milliards d’euros de retombées économiques. Mais les trois-quarts de cette manne bénéficieront à l’Île-de-France, contre seulement un quart pour le reste du pays. Un déséquilibre qui s’explique par la concentration des sites et des investissements en région parisienne, mais aussi par l’attractivité touristique supérieure de la capitale.
Paris a une force d’attraction que les villes régionales n’ont pas. Les touristes privilégieront la capitale, quitte à faire des excursions d’une journée sur les sites en région.
– Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport et Cycle
Un impact touristique limité hors de Paris
Si Paris et sa région devraient voir leur fréquentation touristique dopée pendant les Jeux, l’effet sera plus mesuré dans le reste de la France. Certains sites comme Marseille ou les villes du foot espèrent profiter de l’exposition olympique. Mais d’autres comme Bourges pour le tir à l’arc ou Châteauroux pour le tir risquent de rester assez confidentiels. Surtout, l’impact sera concentré sur la seule période des épreuves, sans véritable effet d’entraînement.
- Les villes hôtes régionales vont devoir maximiser l’effet d’image des Jeux sur un temps très court
- Des stratégies de promotion territoriale ciblées seront nécessaires pour capter des retombées durables
Un héritage en demi-teinte pour les régions
Au-delà de l’impact immédiat des Jeux, la question de l’héritage se pose pour les territoires. Certains comme la Seine-Saint-Denis bénéficieront d’infrastructures pérennes comme le village des athlètes. Mais en régions, les investissements seront souvent temporaires, à l’image du stade démontable de Lille. Surtout, Paris 2024 met peu l’accent sur des programmes de développement du sport pour tous, qui auraient pu insuffler une dynamique sur tout le territoire.
Il y a un vrai risque que les Jeux creusent encore plus les inégalités territoriales en matière d’accès au sport et à ses équipements.
– Pierre Mathiot, politologue spécialiste des politiques sportives
Malgré la rhétorique des “Jeux de toute la France”, l’Île-de-France captera donc l’essentiel des bénéfices des JO de Paris 2024. Pour que l’élan olympique se propage sur tous les territoires, il faudra plus que quelques épreuves délocalisées. Un véritable travail de fond sera nécessaire pour faire des Jeux un levier de rééquilibrage et de développement au-delà de Paris. Sinon, les régions risquent de rester les grandes oubliées de cette fête du sport.