C’était une journée à suspense au Palais Bourbon. Après des semaines d’incertitudes et de tractations en coulisses, Yaël Braun-Pivet a finalement été réélue jeudi soir à la présidence de l’Assemblée nationale. Mais sa victoire s’est jouée sur le fil, au terme d’un scrutin en trois tours qui a tenu les députés en haleine jusqu’au bout.
Un résultat serré et contesté
Au final, la députée Renaissance l’a emporté avec seulement 220 voix, contre 207 pour le communiste André Chassaigne et 142 pour le candidat RN Sébastien Chenu. Un score étriqué qui ne permet pas au camp présidentiel de revendiquer une majorité, même relative, à l’Assemblée. Et qui suscite déjà la colère des oppositions, la gauche dénonçant les “combinaisons” et “magouilles” qui auraient permis cette courte victoire.
C’est un coup de force d’une clique qui s’est concertée en catimini pour concocter on ne sait quel accord nauséabond.
– Mathilde Panot, députée LFI
Une journée de négociations intenses
Tout au long de la journée, les différents camps ont multiplié les réunions de couloirs et les conciliabules pour tenter de faire pencher la balance. Renaissance espérait convaincre une partie des députés Horizons et MoDem de se rallier à leur candidate. Les oppositions cherchaient elles un candidat de consensus pour faire barrage à la macronie. Mais aucun compromis n’a pu émerger, rendant l’issue du scrutin totalement imprévisible.
Les défis d’une Assemblée morcelée
Cette élection serrée est symptomatique du nouveau visage de l’Assemblée issue des législatives. Avec un hémicycle très morcelé où aucun camp ne dispose de majorité absolue, chaque vote s’annonce désormais comme un défi et une épreuve. Trouver des majorités texte par texte va demander beaucoup de souplesse et de négociations.
- Renaissance ne dispose que d’une majorité relative de 251 députés
- La Nouvelle Alliance (ex-NUPES) compte 198 élus
- Le NFP a fait une percée avec 144 sièges
- La droite parvient à former un groupe de 67 députés
Dans ce contexte, la marge de manoeuvre du gouvernement s’annonce étroite. D’autant que les oppositions semblent déterminées à en découdre, comme l’illustre leur mobilisation, finalement vaine, pour faire barrage à Yaël Braun-Pivet. La bataille pour les autres postes clés de l’Assemblée, comme la questure et les présidences de commission, s’annonce tout aussi âpre.
De “nouvelles méthodes” promises
Malgré ce contexte délicat, la présidente réélue s’est voulue combative et optimiste dans son discours. Elle a promis de mettre en place de “nouvelles méthodes” pour faire vivre le débat démocratique et trouver des compromis. Évoquant un “moment grave”, elle a enjoint les députés à se montrer “à la hauteur” et à faire preuve “d’esprit de responsabilité”.
Je serai la présidente de tous les députés, je tendrai la main à tous les groupes dans un esprit de dialogue. Car l’intérêt général doit primer sur les intérêts partisans.
– Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale
Belles paroles, répondent en substance les oppositions, qui doutent de la capacité de la majorité relative à faire preuve d’ouverture après ce premier bras de fer. Les prochains jours seront décisifs pour voir si l’appel de la présidente sera entendu, ou si l’Assemblée s’enfoncera dans la paralysie. Une nouvelle ère politique pleine d’incertitudes s’ouvre quoi qu’il en soit au Palais Bourbon.