C’est une invitation qui fait l’effet d’une bombe en pleine escalade des violences au Proche-Orient. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’adressera « bientôt » au Congrès américain, à l’invitation des Républicains. Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des Représentants, y voit une « manifestation opportune et très forte de soutien » à Israël, au moment où le pays est engagé dans une guerre contre le Hamas à Gaza.
Les Républicains volent au secours de Netanyahou
Cette invitation surprise intervient dans un contexte particulièrement tendu pour Israël sur la scène internationale. Trois pays européens viennent de reconnaître l’État de Palestine, tandis que la Cour Pénale Internationale envisage des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et les dirigeants du Hamas pour des « crimes contre l’humanité » présumés.
Mais c’est surtout la position de l’administration Biden qui semble motiver ce geste fort des Républicains. Le président américain s’est en effet publiquement opposé à une offensive terrestre de grande ampleur à Gaza, menaçant même de suspendre certaines livraisons d’armes à Israël.
L’opposition républicaine accuse Biden de « lâcher » Israël en pleine guerre.
– Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des Représentants
Netanyahu, un allié de poids pour les Républicains
En invitant Benyamin Netanyahou à s’exprimer devant le Congrès, les Républicains cherchent clairement à afficher leur soutien indéfectible à Israël, quitte à court-circuiter la Maison Blanche. Le premier ministre israélien est un allié de longue date du parti, et ses prises de position musclées trouvent un écho favorable chez de nombreux élus conservateurs.
Reste à savoir si Netanyahou acceptera cette invitation pour le moins **délicate** sur le plan diplomatique. Aucune date n’a pour l’heure été avancée. Mais le signal envoyé est clair : face aux pressions internationales et aux réticences de Biden, le premier ministre israélien peut compter sur des soutiens de poids aux États-Unis.
La coalition de Netanyahou fragilisée
Cette invitation tombe également à point nommé pour Benyamin Netanyahou sur le plan intérieur. Sa coalition gouvernementale apparaît fragilisée depuis le début de la guerre, et des voix s’élèvent, y compris dans son propre camp, pour réclamer des élections anticipées.
Un discours devant le Congrès américain permettrait à Netanyahou de réaffirmer son statut de leader incontournable et de rassembler ses troupes. Mais cette stratégie comporte aussi des risques, en donnant l’image d’un premier ministre cherchant des appuis à l’étranger faute de soutiens suffisants dans son propre pays.
Vers une internationalisation du conflit ?
Au-delà des calculs politiques, l’invitation lancée à Netanyahou illustre surtout la **tension extrême** qui règne actuellement autour du conflit israélo-palestinien. Après des semaines d’escalade militaire, le risque d’une internationalisation et d’un embrasement régional n’a jamais paru aussi élevé.
Dans ce contexte, le soutien affiché du Congrès américain apparaît comme un message fort, mais aussi comme un **pari risqué**. En donnant l’impression de choisir son camp, Washington pourrait en effet perdre sa capacité de médiation et attiser un peu plus les tensions.
Une chose est sûre : entre jeux d’alliances, coups d’éclat diplomatiques et escalade militaire, le conflit israélo-palestinien est entré dans une nouvelle phase, plus imprévisible et potentiellement explosive que jamais. Et le discours de Netanyahou devant le Congrès, s’il a bien lieu, en sera un moment clé.