Perdre un proche est une épreuve bouleversante qui n’épargne pas la sphère professionnelle. Pourtant, le deuil reste un sujet tabou en entreprise, souvent par manque de repères. Pour aider les managers à adopter la bonne posture, l’association Empreintes, spécialisée dans l’accompagnement du deuil, publie un guide pratique. Voici les principaux conseils pour soutenir un salarié endeuillé avec bienveillance et respect.
Comprendre l’impact du deuil au travail
Un deuil est une expérience intime et unique qui affecte inévitablement la vie professionnelle. La personne endeuillée traverse un tourbillon d’émotions qui peut altérer sa concentration, sa motivation et ses relations. En moyenne, un salarié en deuil s’absente 34 jours par an. Au-delà de cet aspect, c’est toute la dynamique d’équipe qui peut être impactée.
Face à cette situation, le manager joue un rôle clé. Par son attitude, il peut favoriser le processus de deuil et le retour au travail. A l’inverse, une approche maladroite peut aggraver la souffrance et provoquer un désinvestissement durable. L’enjeu est donc de trouver le juste équilibre entre empathie et continuité de l’activité.
Adopter une communication bienveillante
Dès l’annonce du décès, il est essentiel de manifester sa sympathie et son soutien. Un message ou un appel témoignant votre compassion et celle de l’équipe sera apprécié. Proposez votre aide pour les démarches administratives ou l’organisation des obsèques. Veillez cependant à respecter l’intimité de la personne et à ne pas être intrusif.
Pendant les jours de deuil légaux (3 jours pour le décès d’un proche, 5 jours pour un enfant), restez disponible. Convenez ensemble des informations à transmettre à l’équipe, dans le respect de la confidentialité souhaitée. A son retour, accueillez votre collaborateur avec bienveillance. Demandez-lui comment il va, sans le brusquer. Faites preuve d’écoute et de patience.
Dire “toutes mes condoléances”, c’est déjà énorme. Ou “je suis sincèrement désolé”. L’important est de manifester sa compassion.
Marie-Camille Carton, directrice de l’association Empreintes
Aménager le temps de travail
Au-delà du minimum légal, n’hésitez pas à accorder des jours supplémentaires si nécessaire. Le retour au travail après un deuil est une étape délicate. Soyez attentif aux signes de détresse et proposez des aménagements :
- Retour progressif avec un temps partiel temporaire
- Réaménagement des horaires ou du poste
- Délégation de certaines tâches lourdes émotionnellement
- Assouplissement des délais et des objectifs
Le salarié a surtout besoin qu’on lui fasse confiance, qu’on respecte son rythme de deuil. Il faut accepter que son efficacité soit altérée pendant un certain temps.
Marie-Camille Carton
Prévenir l’isolement et le mal-être
De retour au bureau, le salarié endeuillé peut se sentir en décalage, tiraillé entre le brouhaha ambiant et son monde intérieur chaviré. Pour maintenir le lien, proposez des temps d’échange réguliers pour l’écouter, sans jugement. Orientez-le vers les ressources existantes : service de santé au travail, assistante sociale, associations spécialisées…
Impliquez l’équipe dans cet accompagnement. Expliquez la situation et encouragez les gestes de soutien : mot, attention, invitation à déjeuner… Chacun à son niveau peut contribuer à rompre l’isolement. Mais ne forcez rien et laissez la personne aller à son rythme.
L’idée est de créer un environnement sécurisant pour que le salarié ose exprimer sa souffrance s’il en ressent le besoin. C’est la clé pour prévenir les risques psychosociaux.
Marie-Camille Carton
Miser sur la formation
Pour atténuer la sidération face au deuil, de plus en plus d’entreprises sensibilisent leurs managers. Des formations existent pour acquérir les bons réflexes, comme chez Empreintes. L’association propose aussi un numéro vert pour du conseil personnalisé.
Au-delà, c’est toute la culture d’entreprise qu’il faut faire évoluer vers plus d’empathie et de bienveillance. En osant parler du deuil, en brisant les tabous, on crée les conditions d’un meilleur vivre-ensemble. Un enjeu et un défi collectifs pour humaniser l’entreprise.