C’est un événement qui fera date dans l’histoire politique américaine. La Convention nationale républicaine, qui s’est tenue à Milwaukee, a entériné la mainmise totale de Donald Trump sur le « Grand Old Party ». Plus qu’un simple candidat, l’ancien président s’impose comme la figure incontournable vers laquelle tout le parti se tourne désormais.
Le triomphe de la ligne trumpiste
Cette convention a été le théâtre d’un véritable plébiscite pour la ligne politique portée par Donald Trump depuis son élection en 2016. Protectionnisme économique, fermeté sur l’immigration, critique de l’establishment… Autant de marqueurs trumpistes qui s’affirment comme la nouvelle orthodoxie républicaine.
Ce virage idéologique se reflète dans les personnalités mises en avant lors de la convention. À commencer par le choix du colistier de Donald Trump : J. D. Vance, sénateur de l’Ohio et proche des idées trumpistes. Un profil diamétralement opposé à celui de Mike Pence, qui avait apporté une caution conservatrice classique au ticket en 2016.
Une refonte à tous les niveaux
Mais la trumpisation du parti ne se limite pas aux têtes d’affiche. C’est toute la structure du Parti républicain qui a été remaniée pour s’adapter à l’ère Trump :
- Lara Trump, belle-fille de Donald, devient co-présidente du comité national républicain
- Les enfants Trump gagnent en influence dans l’organisation des campagnes
- Les cadres critiques de Trump sont écartés des postes clés
Signe de cette emprise trumpiste, le programme de la convention décline à l’envi les slogans de l’ancien président, comme le très évocateur « Make America Wealthy Again » (Rendre à l’Amérique sa prospérité).
Un soutien qui s’étend à toutes les strates de l’électorat
Fait notable, la trumpisation ne se cantonne plus à une frange de l’électorat républicain. Comme le soulignent les observateurs, c’est l’ensemble des sensibilités du parti qui se retrouvent derrière Trump :
La ligne de Trump convainc l’intégralité des couches électorales du Parti républicain, de sorte à lui épargner un colistier, comme Pence, dont la seule mission était de pallier les lacunes du candidat à la présidentielle.
Eliott Mamane, chroniqueur
Un soutien large qui se reflète dans les sondages : malgré sa défaite en 2020, Trump a réuni 74 millions de voix, soit 12 millions de plus qu’en 2016. De quoi nourrir ses ambitions pour 2024.
Des risques pour l’avenir ?
Si la domination de Trump semble totale aujourd’hui, certains s’inquiètent des effets à long terme de cette trumpisation à tout-va. En calquant son identité sur un homme, aussi populaire soit-il, le Parti républicain ne risque-t-il pas de perdre sa capacité à se réinventer ?
D’autant que l’establishment républicain, qui avait su modérer certains excès trumpistes lors du premier mandat, n’aura plus cette latitude si l’ancien président revient à la Maison Blanche. Un parti monolithique derrière un dirigeant aux pouvoirs renforcés : le cocktail peut s’avérer détonant.
Enfin, les démocrates pourraient tenter de retourner certains marqueurs trumpistes, comme le port d’armes ou l’avortement, contre le candidat républicain. Une stratégie payante pour mobiliser un électorat de gauche déçu par la présidence Biden ?
Une chose est sûre : en actant sa mue trumpiste, le Parti républicain s’engage dans une voie audacieuse mais risquée. L’avenir dira si cette refondation est une force ou une faiblesse dans la course à la Maison Blanche. Le paysage politique américain, lui, en ressort profondément transformé.