C’est un drame d’une rare violence qui s’est noué dans la nuit de mardi à mercredi, sur les rives de la Garonne à Bordeaux. Au cœur d’un campement de fortune où s’abritent des personnes sans domicile fixe, une dispute a éclaté entre deux hommes, sur fond d’alcool et d’invectives. Mais les mots ont vite cédé la place aux actes, puisque l’un des protagonistes s’est saisi d’une pioche qui traînait là pour en asséner plusieurs coups à son adversaire, le blessant mortellement à la tête.
Une enquête ouverte, le suspect en garde à vue
Selon les premiers éléments de l’enquête, rapportés par le parquet de Bordeaux, la victime, un homme né en 1974 à Versailles, est décédée des suites de ses blessures. Son identité n’a pu être établie dans un premier temps par reconnaissance faciale, mais un document d’identité retrouvé parmi ses effets personnels a finalement permis de le nommer. Une autopsie est en cours ce jeudi pour déterminer les causes précises du décès.
Le mis en cause, lui aussi SDF et de nationalité française, né en 1988, a immédiatement été interpellé et placé en garde à vue. Lors de ses auditions, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés. « J’ai fait une connerie », a-t-il déclaré aux pompiers qu’il avait lui-même alertés après le drame. Le parquet de Bordeaux a ouvert une information judiciaire pour meurtre à son encontre.
Alcool et marginalité, cocktail explosif
Ce fait divers tragique met une nouvelle fois en lumière la dure réalité des personnes vivant dans la rue. Dans ces campements de fortune où se côtoient des individus souvent fragiles psychologiquement, aux parcours de vie chaotiques, la promiscuité et la précarité exacerbent les tensions. Et lorsque l’alcool s’en mêle, le pire peut vite arriver, comme en témoigne ce drame.
La rue est un monde d’une grande violence, où les codes habituels n’ont plus cours. Tout peut basculer en un instant.
– Un travailleur social bordelais
Les associations d’aide aux sans-abri, souvent démunies face à l’ampleur de la tâche, appellent régulièrement les pouvoirs publics à renforcer les moyens alloués à la prise en charge de ces publics en grande précarité. Car derrière chaque personne vivant dans la rue, il y a une histoire singulière, faite bien souvent de souffrances et de ruptures.
De la rue au tribunal
Pour l’heure, c’est la machine judiciaire qui est enclenchée. Le suspect doit être déféré ce jeudi à l’issue de sa garde à vue, au tribunal judiciaire de Bordeaux. Le parquet a d’ores et déjà annoncé qu’il requerrait son placement en détention provisoire, dans l’attente de la suite de l’information judiciaire ouverte à son encontre.
Un procès en assises devrait se tenir d’ici un à deux ans, si les faits de meurtre sont confirmés à l’issue de l’instruction. L’auteur présumé encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle. Bien loin des considérations et des urgences du quotidien dans la rue.
