Alors que le Nouveau Front populaire arrive en tête des élections législatives, une partie de la communauté juive française s’inquiète. Face à la montée de l’antisémitisme et la crainte de voir l’extrême-gauche accéder au pouvoir, certains font le choix radical de quitter la France pour Israël, cet exode appelé “Aliyah”. Les demandes d’ouverture de dossiers auprès de l’Agence juive, organisme facilitant ce “droit au retour”, affluent.
La goutte d’eau des législatives
Pour Jeremy*, 30 ans, les résultats du scrutin ont été le déclic. Voir le Nouveau Front populaire l’emporter “a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, confie ce Français de confession juive. S’il songeait déjà à faire son Aliyah, son départ est désormais fixé à septembre. Comme lui, ils sont nombreux à franchir le pas. L’Agence juive reconnaît une hausse des demandes, même si elle ne confirme pas le chiffre de 2000 dossiers ouverts depuis le 2nd tour, relayé par certains médias.
“Nous n’avons plus notre place en France”
Jeremy, 30 ans, futur émigré
Un sentiment d’insécurité grandissant
Au-delà du résultat des urnes, c’est le climat d’antisémitisme qui pousse certains au départ. Selon un sondage du Fonds Social Juif Unifié (FSJU) mené après le 7 octobre et publié en juillet 2024, 46% des jeunes Juifs français seraient prêts à faire leur Aliyah. En cause : agressions verbales ou physiques, profanations de lieux de culte… Les actes antisémites ont bondi de 75% en 2023. De quoi nourrir un profond sentiment d’insécurité.
Israël, terre promise
Face à cette menace, l’État hébreu fait figure de refuge. Fondé en 1948 comme foyer national juif, Israël a fait de “la montée” des Juifs du monde entier l’un de ses fondements. Tout Juif y bénéficie d’un “droit au retour” selon la Loi du Retour de 1950. Une politique volontariste d’accueil, avec des aides à l’installation, qui séduit de plus en plus de Français juifs en quête de sécurité. “Là-bas au moins, je n’aurai pas peur de porter une kippa dans la rue”, témoigne un candidat au départ.
Vers une vague d’Aliyah post-électorale ?
Si l’ampleur du phénomène reste à confirmer, les signaux d’une émigration accrue sont bien présents. Outre la hausse des demandes de dossiers, les vols France-Israël affichent complets pour les prochains mois. Les déménageurs spécialisés constatent un bond des réservations. De quoi présager une vague d’Aliyah post-électorale, comme la France en a déjà connues, notamment après l’élection de François Mitterrand en 1981 ou suite aux attentats des années 2010. Un exode qui laisse un goût amer, symbole de l’échec de la République à protéger ses citoyens juifs.