Il est des nuits qui basculent dans l’horreur en l’espace d’un instant. C’est ce qu’ont vécu Élodie, 28 ans, et sa tante de 45 ans, lors des fêtes de Bayonne dans la nuit du 13 au 14 juillet 2024. Alors qu’elles profitaient de l’ambiance festive, elles ont été victimes d’une violente agression qui les marquera à jamais. Aujourd’hui, malgré la peur et la douleur, elles ont décidé de témoigner pour briser le silence.
Une soirée qui tourne au cauchemar
Les fêtes de Bayonne sont réputées pour leur convivialité, leur musique entraînante et leurs traditions colorées. Chaque année, des milliers de personnes s’y retrouvent pour faire la fête. Élodie et sa tante ne dérogeaient pas à la règle. Mais alors qu’elles déambulaient dans les rues bondées, aux alentours de 2h du matin, elles ont été prises à partie par un groupe d’individus visiblement éméchés.
Ils ont commencé à nous siffler et à nous faire des remarques obscènes. On a essayé de les ignorer mais ils sont devenus de plus en plus insistants et agressifs.
– Élodie
Rapidement, la situation a dégénéré. Les hommes les ont encerclées et l’un d’eux a porté un violent coup de poing au visage de la tante d’Élodie. Sous le choc, les deux femmes sont tombées au sol, où elles ont été rouées de coups de pieds.
Le calvaire d’Élodie et sa tante
Pendant de longues minutes qui leur ont paru une éternité, Élodie et sa tante ont subi un déferlement de violence. Personne dans la foule n’a osé intervenir. Ce n’est que lorsque des cris ont retenti au loin, alertant de l’arrivée probable de la police, que leurs agresseurs ont pris la fuite, les laissant gisant sur le pavé, le corps et le visage tuméfiés.
J’ai vraiment cru qu’on allait y rester. Je n’arrivais plus à bouger, j’avais mal partout. J’entendais ma tante gémir à côté de moi. C’était un véritable cauchemar.
– Élodie
Transportées à l’hôpital, les deux femmes souffrent de multiples contusions, d’hématomes impressionnants et de fractures, notamment du nez et de côtes. Mais au-delà des blessures physiques, c’est le traumatisme psychologique qui est le plus dur à surmonter. Élodie confie faire des cauchemars récurrents et avoir des crises d’angoisse dès qu’elle se trouve dans une foule.
Porter plainte pour se reconstruire
Malgré la peur et le choc, Élodie et sa tante ont tenu à porter plainte dès le lendemain de leur agression. Une démarche essentielle pour elles, afin que leurs agresseurs soient retrouvés et punis, mais aussi pour se reconstruire.
Porter plainte, c’est refuser de se taire, de subir en silence. C’est se battre pour retrouver sa dignité. Même si c’est difficile, il ne faut pas avoir honte ou culpabiliser. Nous sommes les victimes, les coupables ce sont eux !
– La tante d’Élodie
Une enquête a été ouverte et les deux femmes ont été auditionnées longuement par les forces de l’ordre. Elles espèrent que les images de vidéosurveillance et des témoignages permettront d’identifier leurs agresseurs rapidement.
Briser la loi du silence
Au-delà de leur histoire personnelle, Élodie et sa tante souhaitent profiter de la médiatisation de leur affaire pour lancer un appel à toutes les femmes victimes de violences. Trop souvent, la honte et la peur poussent au silence, laissant les agresseurs libres de récidiver en toute impunité.
Il faut que la parole se libère, que les langues se délient. Ensemble, en refusant de nous taire, nous serons plus fortes. N’ayez pas peur, ne vous laissez pas intimider. Parlez, portez plainte, battez-vous ! C’est comme ça qu’on fera reculer la violence faite aux femmes.
– Élodie
Leur témoignage est un cri du coeur et un appel au courage. L’agression qu’elles ont subie à Bayonne est malheureusement encore le lot quotidien de trop nombreuses femmes. Mais en refusant de se taire, en portant plainte malgré leurs blessures et leur détresse, Élodie et sa tante lancent un message d’espoir et de combativité. Elles sont la preuve qu’ensemble, nous pouvons dire stop aux violences faites aux femmes.
Une cagnotte en ligne a été ouverte pour les soutenir et les aider à payer leurs frais médicaux et judiciaires. Elles envisagent de reverser une partie des fonds à des associations de lutte contre les violences faites aux femmes. Car même meurtries, Élodie et sa tante refusent de sombrer dans le désespoir. De victimes, elles sont devenues des combattantes, déterminées à changer les choses. Leur histoire n’est pas seulement celle d’une nuit d’horreur, c’est aussi et surtout celle d’un formidable élan de courage et de solidarité.