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Le casse-tête des écologistes lyonnais pour financer l’hébergement d’urgence

La métropole de Lyon est au bord d'une crise majeure de l'hébergement d'urgence. Des dizaines de femmes et enfants risquent la rue malgré les efforts jusque-là volontaristes des élus écologistes. Une solution sera-t-elle trouvée à temps ?

Voilà que le cauchemar frappe à nouveau à la porte des plus fragiles. À Lyon, des dizaines de femmes accompagnées d’enfants en bas âge risquent de se retrouver brutalement à la rue dans les prochains jours, faute de places et de moyens suffisants dans le dispositif d’hébergement d’urgence de la métropole. Une situation d’autant plus frustrante que la collectivité, gouvernée depuis 2020 par une majorité de gauche à dominante écologiste, avait fait de ce sujet une priorité. Mais ses caisses sont aujourd’hui vides.

Une politique jusque-là volontariste qui atteint ses limites

Depuis l’arrivée au pouvoir des écologistes, la métropole lyonnaise a considérablement augmenté ses capacités d’accueil, les portant à 3000 places contre à peine 40 en 2019. Une politique saluée comme volontariste par les associations. Mais cet été, c’est la douche froide.

Selon nos informations, les travailleurs sociaux ont été informés en interne que faute de budget, une quarantaine de femmes et enfants actuellement hébergés pourraient être “sortis” du dispositif et donc remis à la rue dès ce lundi 15 juillet. Une perspective qui scandalise le milieu associatif.

L’argument utilisé est le même que l’été dernier quand 80 personnes ont été mises à la rue au cœur de l’été, à savoir que la métropole a mis à l’abri durant la crise sanitaire des personnes ne relevant pas de ses compétences et qu’il revient à l’État de prendre le relais.

– Raphaël Vulliez, cofondateur du collectif Jamais sans toit

Au titre de ses compétences sociales héritées du département du Rhône, la métropole doit en effet se charger de la protection de l’enfance. Cela inclut la mise à l’abri des mères isolées avec enfants de moins de trois ans. Mais avec la crise sanitaire, elle a élargi ses critères. Ce sont certaines de ces familles qui pourraient aujourd’hui en faire les frais.

Des critères de tri “inhumains” redoutés

Les associations redoutent des choix cornéliens et des conséquences désastreuses :

  • On entend qu’il y aura des critères de santé, ce qui interroge sur le respect du secret médical.
  • Le 115 est saturé, on va devoir faire un tri inhumain.
  • Ce qui est annoncé c’est que la métropole n’assurera plus sa mission de mise à l’abri, au mépris de ses compétences légales.

Une pilule d’autant plus dure à avaler que selon le dernier décompte, réalisé chaque semaine par Jamais sans toit, 361 enfants dont 19 bébés dorment actuellement dans la rue sur le territoire de la métropole lyonnaise.

Les élus écologistes face à un casse-tête budgétaire

Malgré leur volontarisme politique, les élus écologistes se heurtent aujourd’hui à un mur financier. Dans une interview au Progrès, le président de la métropoleBruno Bernard (EELV) en appelle à l’aide de l’État. Une demande de rallonge budgétaire pour maintenir les personnes à l’abri.

Son vice-président en charge du logement Renaud Payre (PS) nous assure de son côté “œuvrer au déblocage de la situation” et promet une solution “d’ici la fin de semaine”. Mais à ce stade, rien n’est acté.

La métropole se dit engagée dans un bras de fer avec l’État. Selon elle, il lui reviendrait de prendre le relais pour les publics qui ne relèvent plus de la compétence métropolitaine stricto sensu. Mais les associations y voient un prétexte :

C’est brutal parce qu’on n’a pas été alertés, ni nous ni les travailleurs sociaux, ni les personnes directement concernées. On place tout le monde devant le fait accompli en plein cœur de l’été, à une période où les capacités de mobilisation sont faibles.

– Raphaël Vulliez, Jamais sans toit

Si aucune solution n’est trouvée rapidement, les conséquences pourraient être terribles. La rue tue, encore plus en été. Les températures caniculaires mettent à rude épreuve les organismes. Et à la rentrée, le spectre d’élèves sans domicile plane à nouveau, un an après une mobilisation déjà intense sur le sujet.

Les associations promettent de ne rien lâcher. Elles en appellent à la responsabilité des pouvoirs publics, État comme collectivités. Mais en coulisses, beaucoup redoutent un été noir sur le front de la grande précarité. A Lyon comme ailleurs.

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