Dans quelques heures, sauf improbable retournement de situation, Ruben Gutierrez, 47 ans, sera exécuté par injection létale dans le pénitencier de Huntsville au Texas. Pourtant, depuis plus de dix ans, il ne cesse de clamer son innocence et réclame de nouvelles analyses ADN qui pourraient le disculper dans l’affaire pour laquelle il a été condamné à la peine capitale en 1999 : le meurtre particulièrement violent d’Escolastica Harrison, une octogénaire de Brownsville.
Un crime sordide, une culpabilité remise en cause
Le 21 juillet 1998, Ruben Gutierrez et deux complices s’introduisent dans le mobile-home de Mme Harrison, gérante d’un parc résidentiel, avec l’intention de la dévaliser. La victime de 85 ans est alors frappée et lardée de 13 coups de couteau. Lors du procès, chacun des trois accusés rejettera le meurtre sur les deux autres. Gutierrez admet le cambriolage mais assure qu’il n’est pas entré dans le mobile-home, ignorant les intentions meurtrières de ses acolytes.
Ses avocats mettent en avant l’absence de preuve matérielle confirmant sa présence sur la scène de crime. Pour eux, les aveux de Gutierrez ont été extorqués sous la menace d’une arrestation de sa femme et du placement de ses enfants. L’un de ses complices, condamné à perpétuité, a avoué sa participation au meurtre. L’autre, libéré sous caution, est en fuite. Pourtant c’est bien Ruben Gutierrez qui a écopé de la peine capitale.
Une ultime demande d’analyse ADN rejetée
Depuis plus de dix ans, Gutierrez réclame l’analyse d’échantillons ADN prélevés sous les ongles de la victime. Une preuve qui pourrait révéler l’identité du véritable meurtrier. Mais ses multiples requêtes ont été rejetées, y compris son ultime recours devant la justice du Texas. Ses avocats ont désormais déposé un appel devant la Cour suprême des États-Unis, qui doit statuer dans les prochaines heures.
Il n’existe aucune preuve physique liant M. Gutierrez à ce crime. L’État du Texas s’apprête à exécuter un homme potentiellement innocent, en refusant d’examiner des preuves qui pourraient confirmer ses dires.
– L’avocat de Ruben Gutierrez
L’ombre de la peine de mort
Si elle est maintenue, l’exécution de Ruben Gutierrez sera la troisième depuis le début de l’année au Texas, État qui détient le record du nombre d’applications de la peine capitale aux États-Unis. Malgré un net recul ces dernières années, la peine de mort reste en vigueur dans 27 États américains. Selon le Death Penalty Information Center, au moins 190 condamnés ont été innocentés depuis 1973 après avoir passé parfois des décennies dans les couloirs de la mort.
Le cas de Ruben Gutierrez illustre les limites d’un système judiciaire qui peine encore à intégrer les progrès scientifiques dans les procédures pénales. Le refus obstiné d’analyser des éléments à décharge interroge sur l’équité des procès et laisse planer le terrible doute de condamner des innocents au nom d’une justice expéditive. Une vie est en jeu. Les prochaines heures seront décisives.
