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Toto le sanglier sauvé de l’euthanasie, le combat d’une famille

Toto, un jeune sanglier adopté et choyé par une famille, est aujourd'hui menacé d'euthanasie. Retour sur une histoire hors du commun qui soulève des questions sur notre rapport à l'animal sauvage. La famille se bat pour sauver celui qu'elle considère comme un nouveau membre à part entière, mais la justice en a décidé autrement...

C’est une histoire peu banale qui se joue actuellement dans le Pas-de-Calais. Toto, un jeune sanglier sauvé par une famille de chasseurs en octobre dernier, est aujourd’hui sous le coup d’une décision de justice ordonnant son euthanasie. Un dénouement cruel pour ce mammifère qui avait trouvé refuge auprès de ses sauveurs, la famille Bienvenu, et était devenu en quelques mois une véritable star des réseaux sociaux.

Un sauvetage qui tourne au cauchemar

Tout commence en octobre 2023, lors d’une partie de chasse. Arnaud Bienvenu et ses proches tombent sur un marcassin blessé, poursuivi par des chiens. Pris de pitié, ils décident de le recueillir et de le soigner. “On l’a élevé, on l’a biberonné, on s’est levés la nuit pour s’en occuper”, raconte le père de famille dans une vidéo devenue virale. Très vite, Toto, comme l’a surnommé le fils, s’apprivoise et s’intègre à la maisonnée. Il devient un véritable animal de compagnie, au même titre qu’un chien ou un chat.

Mais l’histoire prend une autre tournure un mois plus tard, quand la gendarmerie débarque au domicile des Bienvenu. En plus de constater la présence de nombreuses armes, les forces de l’ordre découvrent le sanglier domestiqué, ce qui est formellement interdit par la loi. Toto est alors saisi et placé dans un refuge.

La maladie d’Aujeszky, une épée de Damoclès

Au-delà de l’aspect légal, c’est surtout un enjeu sanitaire qui inquiète les autorités. En effet, Toto a été testé positif à la maladie d’Aujeszky, une affection virale hautement contagieuse touchant les suidés. Même si un second test s’est avéré négatif, le doute subsiste et le risque de contamination d’autres animaux est jugé trop important.

Le sanglier demeure un animal à risque pour les autres espèces.

– Un vétérinaire ayant examiné Toto

L’avocat de la famille conteste ce diagnostic, arguant que la maladie aurait déjà dû tuer l’animal s’il en était réellement atteint. Mais pour les autorités sanitaires, le principe de précaution prime. La semaine dernière, la cour d’appel de Douai a donc ordonné l’euthanasie du sanglier, infirmant un premier jugement plus clément du tribunal d’Arras.

Une mobilisation qui ne faiblit pas

Malgré cette décision, la famille Bienvenu ne baisse pas les bras. Soutenue par de nombreux internautes émus par l’histoire de Toto, elle multiplie les recours et les appels à la clémence. Une pétition lancée en ligne a déjà réuni plus de 4000 signatures. Même des personnalités politiques s’en mêlent, à l’instar du maire de Charleville-Mézières Boris Ravignon qui a proposé d’accueillir l’animal dans le zoo municipal.

Je ne peux même pas aller le voir s’il se fait euthanasier, mes enfants non plus. C’est une torture !

– Arnaud Bienvenu, le “père adoptif” de Toto

Alors que la vie de Toto ne tient plus qu’à un fil, cette affaire soulève de nombreuses questions. Sur notre rapport à l’animal sauvage, d’abord. Est-il raisonnable de vouloir domestiquer un être qui n’est pas fait pour vivre auprès des hommes, même avec les meilleures intentions du monde ? Sur l’équilibre à trouver entre le bien-être d’un individu et les impératifs de santé publique, ensuite. Faut-il sacrifier Toto au nom du risque qu’il fait courir aux élevages porcins ?

En attendant que la justice tranche définitivement, c’est toute une famille qui retient son souffle. Et avec elle, des milliers d’internautes qui ont suivi malgré eux les tribulations du plus célèbre des sangliers français. Histoire de prouver, s’il en était encore besoin, que l’attachement entre l’homme et l’animal peut parfois dépasser les frontières de l’entendement.

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