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Metz : Financement Municipal pour la Grande Mosquée, un Débat Houleux

La participation financière de la ville de Metz à la construction de la future Grande Mosquée enflamme le débat. Entre concordat d'Alsace-Moselle et principe de laïcité, la polémique fait rage autour des 490 000 € alloués par la municipalité. Le maire François Grosdidier se retrouve sous le feu des critiques...

Au cœur de l’été, un sujet brûlant agite la ville de Metz : le financement municipal de la future Grande Mosquée. Lundi dernier, le conseil municipal a officiellement voté une participation financière de 490 000 euros au chantier de ce lieu de culte musulman, déclenchant une vive polémique. Entre concordat d’Alsace-Moselle et principe de laïcité, le débat fait rage.

Un projet pharaonique qui divise

Située boulevard de la Défense, entre le Technopôle et le quartier de Borny, la future Grande Mosquée de Metz s’annonce imposante. Avec ses 5000 mètres carrés, elle deviendra la plus grande mosquée de Lorraine. Un chantier colossal estimé à 15,7 millions d’euros, dont une partie sera donc prise en charge par la ville, dirigée par François Grosdidier (ex-LR).

Cette décision ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations ont déjà annoncé qu’elles demanderaient au tribunal administratif de trancher sur la légalité d’un tel financement. Au cœur des débats : le concordat d’Alsace-Moselle, un régime dérogatoire au principe de laïcité qui prévaut dans le reste de la France.

Le concordat d’Alsace-Moselle en question

Hérité de l’époque où l’Alsace-Moselle était allemande, le concordat permet aux collectivités de financer les lieux de culte. Mais ses détracteurs y voient une entorse à la laïcité et une inégalité de traitement entre les différentes régions françaises. La décision prise en 2022 par le tribunal administratif de Strasbourg, qui avait validé une subvention pour une mosquée, fera-t-elle jurisprudence à Metz ? La question divise.

Une pétition qui enflamme le débat

L’association Avenir de la Culture a lancé une pétition contre le projet, recueillant près de 40 000 signatures. Elle dénonce un financement public d’un lieu de culte musulman, y voyant un signe de communautarisme. Face à ces critiques, le maire François Grosdidier se veut rassurant, affirmant que la mosquée respectera les valeurs de la République :

Notre philosophie considère le respect des valeurs républicaines comme intrinsèque à l’éthique musulmane.

Mohamed Hicham Joudat, président de l’association de la Grande Mosquée

Un chantier sous haute surveillance

Malgré la polémique, les travaux ont débuté en 2020 et se poursuivent. L’association de la Grande Mosquée avait récolté 5 millions d’euros auprès des fidèles en octobre dernier. Mais le chantier reste sous surveillance, certains redoutant des dérives communautaristes ou une influence étrangère, turque notamment.

François Grosdidier se veut là encore apaisant, fustigeant « la théorie paranoïaque du grand remplacement » et « l’islamophobie ». Pour lui, la construction de cette mosquée est « nécessaire », tant pour Metz que pour la France, au nom même de la laïcité. Un point de vue loin de faire consensus.

Un maire pris entre deux feux

Sénateur de la Moselle de 2001 à 2017 et maire de Metz depuis 2020, François Grosdidier est un habitué des prises de position tranchées. En 2011 déjà, il se disait favorable à un doublement du nombre de mosquées en France. Une position qui lui vaut aujourd’hui de vives critiques, certains l’accusant de faire le jeu des islamistes.

Mais l’édile assume, voyant dans ce projet un moyen de favoriser le dialogue interreligieux et l’intégration des musulmans. Un pari risqué à l’heure où le sujet de l’islam divise profondément la société française. La polémique autour de la Grande Mosquée de Metz en est le symbole éclatant.

Dans ce contexte inflammable, chaque prise de position est scrutée, décortiquée, attaquée. François Grosdidier, en soutenant ce projet controversé, s’est placé au cœur de la tourmente. Parviendra-t-il à apaiser les esprits et à rassembler autour de ce chantier monumental ? L’avenir le dira. En attendant, la Grande Mosquée de Metz a d’ores et déjà réussi son premier fait d’armes : diviser les Messins et relancer le débat sur la place de l’islam dans l’espace public.

Un débat passionnel et explosif, à l’image d’une société française qui peine à trouver un équilibre sur ces questions identitaires et religieuses. La Grande Mosquée de Metz en est le dernier symptôme en date. Et certainement pas le dernier.

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