C’est un événement majeur qui se déroule actuellement à Arles : la Fondation LUMA consacre une rétrospective d’envergure à l’artiste sud-africain William Kentridge, figure incontournable de la scène artistique contemporaine. Au programme, une plongée fascinante dans l’univers foisonnant de cet artiste protéiforme, qui mêle avec virtuosité dessin, théâtre, musique et engagement politique.
William Kentridge, un artiste habité par l’histoire
Né en 1955 à Johannesbourg, William Kentridge est le fils de militants anti-Apartheid. Cet héritage familial marquera durablement son œuvre, habitée par les questionnements sur l’histoire, la mémoire et les luttes sociales. Au fil d’une carrière prolifique entamée dans les années 1970, il s’impose comme un artiste inclassable, mariant avec audace les disciplines et les influences.
Sa pratique du dessin est au cœur de sa démarche : héritier du expressionnisme et des ombres chinoises, Kentridge développe une technique unique de film d’animation, où ses croquis sans cesse retravaillés prennent vie pour raconter des histoires puissantes. Des courts-métrages poétiques et engagés, qui explorent les zones d’ombre de l’Afrique du Sud post-Apartheid.
Une rétrospective monumentale à la Fondation LUMA
Avec l’exposition “Je n’attends plus”, visible jusqu’au 14 novembre à La Mécanique Générale, la Fondation LUMA offre une plongée passionnante dans l’univers de William Kentridge. Des premiers courts-métrages aux installations monumentales récentes, en passant par les dessins, sculptures et tapisseries, c’est toute la richesse de son travail qui se déploie, questionnant sans cesse le rôle de l’art face au tumulte de l’histoire.
Les visiteurs pourront notamment découvrir des œuvres majeures comme Felix in Exile, bouleversante méditation sur l’exil et la mémoire, ou encore l’installation immersive More Sweetly Play the Dance, où une procession de silhouettes spectrales semble danser sur les décombres d’un monde en ruines. Un parcours aussi érudit que généreux, imaginé en étroite collaboration avec l’artiste.
“The Great Yes, The Great No” : un opéra visuel inédit
En marge de la rétrospective, William Kentridge présente une création originale, spécialement conçue pour la Fondation LUMA. Intitulé “The Great Yes, The Great No”, ce spectacle hybride mêle projection d’images, musique live et voix enregistrées pour raconter les tiraillements du processus créatif. Sur scène, un dispositif aussi simple que majestueux, évoquant à la fois le studio de l’artiste et une salle d’opéra fantomatique.
Porté par la musique hypnotique de Kyle Shepherd et la performance captivante de Géza Rohrig, ce poème scénique en forme d’autoportrait mental nous plonge au cœur des obsessions de Kentridge : le pouvoir des images, les méandres de la mémoire, l’art comme résistance au chaos du monde. Une expérience esthétique et émotionnelle rare, à l’image de toute l’œuvre de ce grand humaniste.
Conjointement avec sa nouvelle création mondiale The Great Yes, The Great No, qui a fait ses débuts à LUMA Arles le 30 juin, l’exposition Je n’attends plus présente un ensemble d’œuvres majeures dont certaines montrées pour la première fois en Europe.
LUMA Arles
William Kentridge, un artiste essentiel
Avec cette double programmation exceptionnelle, la Fondation LUMA confirme son engagement en faveur de la création contemporaine la plus exigeante. Et offre au public français une occasion unique de découvrir toutes les facettes du génie protéiforme de William Kentridge, maître incontesté du dessin politique et poétique, dont l’œuvre n’a cessé d’interroger les vertiges de notre temps avec force, grâce et lucidité. Un artiste dont le regard n’a jamais été aussi nécessaire pour affronter le grand chaos de l’histoire.
- L’exposition “Je n’attends plus” est visible du 14 juillet au 14 novembre 2024 à la Mécanique Générale, Parc des Ateliers, Arles.
- “The Great Yes, The Great No” : du 30 juin au 14 juillet 2024, Grande Halle, Parc des Ateliers, Arles.