C’est désormais officiel : le Président de la République, Emmanuel Macron, acceptera en fin de journée la démission de son Premier ministre, Gabriel Attal. Cette décision, confirmée par des participants au dernier conseil des ministres, permettra aux 17 ministres élus ou réélus députés lors des législatives anticipées de siéger à l’Assemblée nationale dès jeudi.
Un gouvernement de transition pour les affaires courantes
Si le gouvernement Attal remet sa démission, il n’en reste pas moins en fonction pour gérer les affaires courantes, comme l’a souhaité Emmanuel Macron dans une lettre aux Français la semaine passée. Cette équipe restera en place le temps qu’un nouveau gouvernement soit nommé, assurant ainsi la continuité de l’État. En cas d’urgence, elle pourra même agir et décréter l’état d’urgence si nécessaire.
Un timing hautement stratégique
Le choix du timing pour cette passation n’est pas anodin. À deux jours de la première session de la nouvelle législature, il était crucial pour la macronie de pouvoir compter sur les voix de ses ministres-députés, dans une Assemblée où elle a perdu la majorité absolue. Ils pourront ainsi participer dès jeudi à l’élection du président de l’Assemblée, puis dans les jours suivants aux votes des autres postes clés du palais Bourbon.
Gabriel Attal a résumé son passage à Matignon en trois mots : « reconnaissance, passion et courage ».
Le Premier ministre sortant
Un gouvernement aux pouvoirs limités
Même si les ministres restent en poste pour les affaires courantes, leurs marges de manœuvre sont limitées pendant cette période de transition, surtout à l’approche d’un événement international majeur comme les Jeux Olympiques. Ils ne peuvent pas présenter de nouveaux projets de loi ou prendre des décisions avec un impact financier notable, sous peine de censure immédiate du Conseil d’État.
Le gouvernement en affaires courantes a malgré tout réussi à publier in extremis des décrets d’application de la contestée loi immigration avant sa démission. Un dernier coup d’éclat pour imposer des mesures polémiques comme le retrait de titres de séjour pour non-respect des “principes de la République”.
Gabriel Attal, Premier ministre et chef de groupe
En attendant son successeur à Matignon, Gabriel Attal cumule sa fonction de Premier ministre démissionnaire avec celle de président du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale. Une situation pour le moins ambigüe, mais qui peut perdurer aussi longtemps que l’exige le président Macron. La Ve République n’imposant aucune limite de temps, les précédents n’ont duré que quelques jours.
La France entre donc dans une zone de turbulences politiques, avec un exécutif affaibli par les urnes qui doit gérer les affaires courantes avec un gouvernement sortant, tout en négociant d’âpres tractations pour tenter de bâtir une nouvelle majorité. Emmanuel Macron joue là une partie décisive pour la suite de son second mandat.