Dans les couloirs de la maison d’arrêt de Coutances, un homme avance d’un pas décidé. Sébastien Lahondes, 45 ans, est le responsable local de l’enseignement dans cet établissement pénitentiaire depuis 2014. Sa mission : transmettre les savoirs de base en français, mathématiques et informatique aux détenus volontaires. Une vocation née il y a dix ans, fruit d’un engagement sans faille pour offrir une seconde chance à ceux que la société a mis à l’écart.
Un prof au cœur de la détention
Chaque jour, Sébastien rencontre individuellement les nouveaux arrivants pour leur proposer de participer à l’école de la prison. Ici, rien n’est obligatoire, tout se base sur le volontariat. Pourtant, le taux de scolarisation atteint les 49%, bien au-dessus de la moyenne nationale de 35% pour les établissements pénitentiaires. Un succès que Sébastien attribue à son approche bienveillante et adaptée aux besoins de chacun.
J’essaye de cibler les personnes sans qualifications, les jeunes majeurs et surtout les détenus non-francophones. C’est pour eux que l’école peut faire une vraie différence.
– confie Sébastien Lahondes
Chaque semaine, jusqu’à trente détenus peuvent assister à ses cours. Face à l’engouement, une liste d’attente est parfois nécessaire. Mais pour Sébastien, chaque élève compte. Il met un point d’honneur à offrir un enseignement personnalisé et bienveillant, loin des jugements et des a priori.
Transmettre pour mieux réinsérer
Au-delà des savoirs fondamentaux, c’est un véritable travail de réinsertion que mène Sébastien au quotidien. En redonnant confiance à ses élèves, en valorisant leurs progrès, il leur offre de nouveaux repères et des perspectives d’avenir. Car derrière les murs de la prison, l’école représente bien souvent le seul lien avec l’extérieur, une fenêtre ouverte sur un futur meilleur.
Quand je vois un détenu reprendre goût aux études, retrouver l’estime de soi à travers les apprentissages, je me dis que mon travail a du sens. C’est ça qui me fait avancer chaque jour.
– témoigne l’enseignant engagé
Sébastien en est convaincu : l’éducation est un levier essentiel pour prévenir la récidive et favoriser la réintégration des détenus dans la société. En leur donnant les clés pour communiquer, réfléchir et se projeter, il contribue, à son échelle, à bâtir un monde plus juste et plus inclusif.
Un engagement au long cours
Malgré les défis inhérents au milieu carcéral, Sébastien Lahondes reste animé par la flamme de la transmission. Son engagement auprès des détenus ne se limite pas aux heures de cours. Il noue des liens, crée un climat de confiance, devient parfois un confident, un guide. Un rôle exigeant mais ô combien gratifiant.
Au fil des années, il a vu des destinées se transformer grâce à l’éducation. D’anciens détenus ont décroché des diplômes, retrouvé un emploi, renoué avec leur famille. Autant de victoires qui donnent sens à sa mission et l’encouragent à poursuivre, inlassablement.
Être prof en prison, c’est un engagement de tous les instants. On ne compte pas ses heures, on donne beaucoup de soi. Mais chaque réussite, chaque sourire retrouvé est une récompense inestimable.
– conclut Sébastien, le regard tourné vers l’avenir
À travers son parcours inspirant, Sébastien Lahondes nous rappelle le pouvoir transformateur de l’éducation, y compris dans les lieux les plus sombres. Son dévouement force l’admiration et soulève une question essentielle : et si la clé d’une société plus juste et plus sûre résidait dans l’instruction pour tous, sans exception ? Une piste à méditer, pour que derrière chaque détenu se dessine un citoyen en devenir, riche de savoirs et d’espoirs retrouvés.
