C’est la douche froide pour le football français. Après des mois d’attente et d’espoirs, le verdict est tombé ce dimanche 14 juillet : la Ligue de Football Professionnel (LFP) a conclu un accord avec les diffuseurs DAZN et beIN Sports pour les droits TV de la Ligue 1 à compter de 2024. Mais le montant obtenu est bien loin des 800 millions d’euros par saison espérés par la LFP. Avec un manque à gagner de 300 millions d’euros, soit 37,5% de moins que prévu, c’est tout l’écosystème du ballon rond tricolore qui tremble. Clubs, joueurs, supporters… Tous risquent d’en faire les frais. Décryptage d’un fiasco annoncé.
La Ligue 1 bradée, les premiers impactés seront les clubs
Avec des droits TV revus drastiquement à la baisse, les clubs de Ligue 1 vont devoir se serrer la ceinture. En première ligne, le mercato estival risque d’être fortement perturbé. Comme le soulignait récemment Laurent Nicollin, président de Montpellier : « Tant que les droits TV ne seront pas réglés, je ne vois pas trop sur quoi on peut avancer sur le mercato ». Les équipes devront recruter malin, se contenter de joueurs moins cotés, et potentiellement réduire la voilure sur les salaires, y compris ceux des stars.
Ce delta de 300 M€, soit 37,5% du montant initial espéré, aura des conséquences qu’on peine encore à mesurer sur le football français.
Sébastien Ferreira – Le Figaro
Mais au-delà des joueurs, c’est tout le personnel des clubs qui a du souci à se faire. Salariés administratifs, staff technique, personnel d’accueil des stades… Nombreux sont ceux dont l’avenir s’écrit en pointillé. Des coupes franches dans les effectifs sont à prévoir, avec à la clé un impact certain sur la bonne marche des écuries hexagonales.
Des répercussions inévitables sur la scène européenne
Outre la gestion quotidienne des clubs, ces restrictions budgétaires auront fatalement des conséquences sur les performances tricolores en Coupes d’Europe. Avec des moyens revus à la baisse, il sera encore plus difficile pour nos représentants de rivaliser avec les géants continentaux. On peut d’ores et déjà craindre des campagnes europénnes compliquées, loin des épopées de 2020 et 2021 qui avaient vu le PSG et l’OL atteindre les demi-finales de la Ligue des Champions.
- 2020 : Le PSG atteint la finale de la Ligue des Champions (défaite 1-0 contre le Bayern)
- 2021 : Le PSG atteint les demies, éliminé par Manchester City (défaite 4-1 en cumulé)
Pour Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais, ce fiasco des droits TV va inévitablement « nous handicaper et nous mettre dans une position très difficile par rapport aux autres grands championnats ». Avec le départ de stars comme Lionel Messi (PSG) ou encore Alexis Sanchez (OM), l’attractivité de la L1 risque de s’éroder, creusant encore un peu plus l’écart avec les autres grands championnats européens.
Droits TV en berne : les supporters trinqueront aussi
Malheureusement, les clubs et les joueurs ne seront pas les seules victimes de ce naufrage des droits TV. Les supporters devront aussi mettre la main au portefeuille. Car pour voir l’intégralité de la Ligue 1 la saison prochaine, il faudra cumuler les abonnements DAZN et beIN Sports, pour un total avoisinant les 45€ par mois !
Diffuseurs | Prix/mois | Nb matchs/journée |
DAZN | 30-40€ | 8 |
beIN Sports | 15€ | 1 |
TOTAL | 45-55€ | 9 |
Un montant exorbitant comparé à la saison passée où Amazon Prime Video diffusait 8 matchs pour 22€/mois. Payer plus cher pour voir jouer des équipes amoindries et privées de stars, voilà le nouveau défi qui attend les fans de foot hexagonaux. Combien seront prêts à mettre autant sur la table ? Le spectre d’une explosion du streaming illégal plane plus que jamais.
Canal+ et beIN, les grands gagnants sur fond de grande perdante
Si les diffuseurs historiques Canal+ et beIN Sports semblent tirer leur épingle du jeu en récupérant les précieux droits TV, la grande perdante se nomme sans conteste la Ligue de Football Professionnel. Son président Vincent Labrune est montré du doigt pour sa gestion calamiteuse du dossier. Miser sur une vente à 800 millions d’euros relevait de la douce utopie, trois ans seulement après le fiasco Mediapro.
Dans l’entourage de beIN Media Group, on pointait encore dimanche du doigt “une pression honteuse de présidents et de la LFP pour forcer le groupe à faire une offre, comme si le Qatar devait juste les sauver”.
L’Équipe
De son côté, Canal+ n’entend pas jouer les sauveurs et a appris à vivre sans la Ligue 1, se focalisant sur d’autres sports (F1, MotoGP, Top 14…) et compétitions étrangères comme la Premier League. La LFP a tenté un bras de fer perdu d’avance. Résultat, c’est toute la famille du football français qui se retrouve sur la paille. Un immense gâchis qui risque de laisser des traces profondes et durables dans le paysage footballistique national.