Signe des temps difficiles pour la distribution américaine, la célèbre chaîne de grands magasins Macy’s vient d’annoncer l’échec des négociations de rachat menées depuis plusieurs mois avec deux fonds d’investissement. Une nouvelle qui jette une ombre sur l’avenir de ce symbole du shopping outre-Atlantique, en proie à de sérieuses difficultés depuis quelques années. Retour sur ce rebondissement qui illustre la crise traversée par les enseignes traditionnelles face à l’essor du commerce en ligne.
Le rachat tant attendu n’aura pas lieu
En mars dernier, les fonds Arkhouse Management et Brigade Capital Management avaient fait une offre de reprise à 6,6 milliards de dollars, finalement jugée insuffisante par le conseil d’administration de Macy’s. S’en sont suivis des mois de tractations, avec une offre révisée à la hausse en juin à près de 6,8 milliards. Mais là encore, la proposition n’a pas convaincu les dirigeants du groupe, qui ont mis fin aux pourparlers.
Ces négociations n’ont pas permis de « déboucher sur une proposition réalisable avec un financement certain, pour une valeur convaincante »
– a indiqué Macy’s dans un communiqué.
Par ailleurs, le groupe a estimé que la documentation sur le financement était insuffisante pour garantir une offre viable dans des délais raisonnables. Une déception pour les repreneurs potentiels, qui misaient sur ce rachat pour redresser l’enseigne en déclin.
Macy’s, le géant vacillant
Car le constat est sans appel : Macy’s traverse une passe très difficile. Le groupe, qui incarnait le rêve américain avec ses immenses magasins remplis de la cave au grenier, peine désormais à attirer les foules. Son chiffre d’affaires a reculé de 5,5% en 2023, à 23,1 milliards de dollars. Et son bénéfice net a fondu, passant de 1,17 milliard à seulement 105 millions de dollars.
A l’image d’autres chaînes de grands magasins, Macy’s paie le prix fort de la concurrence du e-commerce. Des mastodontes comme Amazon ou les sites de fast fashion séduisent de plus en plus de consommateurs, au détriment des enseignes brick and mortar. Une tendance accélérée par la crise du Covid-19, qui a vu exploser les ventes sur Internet.
Se réinventer ou disparaître
Pour ne pas sombrer, Macy’s doit donc d’urgence revoir son modèle économique. Depuis quelques années, le groupe tente de se réinventer en misant sur une montée en gamme, des services plus personnalisés et une complémentarité entre magasins physiques et vente en ligne. Mais ces efforts peinent pour l’instant à porter leurs fruits.
L’échec des négociations avec les fonds Arkhouse et Brigade est un nouveau coup dur pour l’enseigne, qui doit trouver d’autres solutions pour assurer sa pérennité. Car l’avenir de Macy’s est plus que jamais incertain, à l’image de nombreux grands magasins confrontés à la disruption du digital.
Un symbole qui vacille
Au-delà du cas Macy’s, c’est tout un modèle de commerce qui est remis en question. Longtemps temples de la consommation et lieux de sociabilité, les grands magasins voient leur attractivité décliner face aux nouvelles attentes et modes de vie des clients. Beaucoup ont déjà disparu ou cherchent à se réinventer en profondeur.
L’annonce des discussions avortées chez Macy’s est donc le symptôme d’un malaise plus profond, qui touche l’ensemble de la distribution traditionnelle. Les enseignes historiques doivent se transformer en profondeur pour espérer survivre à la déferlante du commerce connecté. Un défi immense, qui se jouera dans leur capacité à faire de l’expérience client leur priorité.
