Une balle, un impact. En politique, une tentative d’assassinat peut faire basculer une destinée, propulsant bien souvent la victime sur le devant de la scène. La récente attaque contre Donald Trump en est le dernier exemple en date, faisant bondir la cote de l’ancien président dans les sondages. Mais ce phénomène est-il systématique ? Retour sur quelques cas emblématiques.
Quand la balle profite à la cible
L’histoire regorge d’exemples où une tentative de meurtre a paradoxalement servi la carrière politique de la victime. Comme Ronald Reagan, devenu “politiquement intouchable” après l’attentat de 1981 selon l’historien Lauric Henneton. Ou plus récemment Jair Bolsonaro, poignardé en pleine campagne présidentielle au Brésil en 2018.
L’attaque a permis à Bolsonaro d’incarner un rôle christique de martyr, explique le politologue Gaspard Estrada. Un levier émotionnel déterminant dans sa victoire.
– Gaspard Estrada, politologue
L’indignation et la compassion, des catalyseurs électoraux
Comment expliquer cette prime à la victime ? L’émotion suscitée par l’attaque jouerait un rôle clé selon les experts :
- L’indignation face à un acte perçu comme injuste et anti-démocratique
- La compassion et l’empathie pour la victime vue comme un symbole
- L’héroïsation de celui qui a échappé à la mort et qui incarne la résilience
Bref, un cocktail émotionnel puissant qui semble souvent se traduire dans les urnes.
Un effet limité dans le temps ?
Pour autant, ce « gain de popularité » n’est pas toujours durable ni décisif. Le contre-exemple de Robert Fico, ex Premier ministre slovaque blessé par balle en 2002, le prouve. Malgré le choc, il a perdu l’élection suivante.
L’attentat reste un événement ponctuel. Pour capitaliser sur l’émotion dans la durée, il faut un récit politique solide derrière.
– Lauric Henneton, historien
Outre le cas Trump, la question se pose pour Cristina Kirchner. La vice-présidente argentine a réchappé à une attaque en septembre, un an avant la présidentielle. Transformera-t-elle l’essai ?
Sans nul doute, la tentative d’assassinat politique est une arme à double tranchant. Si elle ne fait pas systématiquement élire, elle électrise souvent l’opinion, au risque de polariser dangereusement le débat. Reagan, Bolsonaro, Trump… Derrière la balle, le spectre de la radicalisation.