Sur les rives du lac Kivu, trois lettres colorées se dressent hors de l’eau : FPR, pour Front Patriotique Rwandais. Ce parti domine la vie politique du pays depuis un quart de siècle, tout comme son chef emblématique, Paul Kagamé, président depuis l’an 2000. À l’approche des élections présidentielles et législatives du 15 juillet, leur hégémonie ne semble pas prête de s’effriter.
Une popularité intacte pour Paul Kagamé
Lors d’un meeting à Rubavu, 300 000 personnes sont venues acclamer le président sortant, favori pour sa réélection. Depuis son accession au pouvoir après le génocide de 1994, Paul Kagamé a su restaurer la stabilité et impulser le développement économique. Ses partisans louent son bilan :
Le président Kagamé a ramené la paix et fait de notre pays un modèle en Afrique. Regardez nos routes, nos hôpitaux, nos écoles ! C’est un visionnaire qui mérite de poursuivre son action.
– Thérèse, commerçante à Kigali
Le FPR, un parti au cœur du système
Au-delà de la popularité de son leader, le FPR irrigue toute la vie politique rwandaise. Fondé en exil par Kagamé et d’anciens réfugiés Tutsis, il contrôle le gouvernement, le Parlement et la majorité des administrations locales. Ses cadres occupent aussi des postes clés dans l’économie et la société civile.
Un verrouillage qui laisse peu de place à l’opposition ou aux voix critiques. Plusieurs partis d’opposition ont été interdits et des opposants emprisonnés ou poussés à l’exil ces dernières années. La liberté de la presse reste aussi très limitée. Le régime assume ce contrôle, au nom de la stabilité :
Le Rwanda a besoin d’un leadership fort pour poursuivre son développement et ne pas revivre les déchirures du passé. Le multipartisme ne doit pas devenir synonyme de division.
– Claude Nikobisanzwe, porte-parole du FPR
Vers un 4ème mandat pour Kagamé ?
Déjà réélu en 2010 et 2017, Paul Kagamé vise donc un 4ème mandat consécutif. Un scénario rendu possible par une révision constitutionnelle controversée en 2015, qui lui permet de potentiellement rester au pouvoir jusqu’en 2034. L’opposition dénonce une présidence à vie de facto.
Mais l’issue du scrutin fait peu de doute au vu de la domination du FPR et de la popularité intacte du président dans une large part de la population. L’enjeu semble plus de préparer l’avenir en confortant l’héritage et le système bâti par Kagamé depuis 25 ans. Un futur que le parti entend continuer à façonner, avec ou sans son chef historique.