Le rugby français traverse une zone de turbulences sans précédent. Alors que le XV de France vient de clore une tournée éprouvante en Argentine, l’onde de choc provoquée par l’inculpation de deux joueurs pour viol aggravé continue de se propager. Antoine Frisch, jeune centre fraîchement intégré aux Bleus, a accepté de revenir sur ces événements traumatisants.
Un “choc personnel” et un “trauma collectif”
Les mots sont forts, mais à la hauteur de la stupeur qui a saisi l’équipe de France à l’annonce des faits présumés impliquant Oscar Jégou et Hugo Auradou. Pour Antoine Frisch, qui fêtait sa première sélection lors de cette tournée, le choc a été brutal :
Ça a été difficile. Très difficile. Je n’ai jamais vécu ça depuis le début de ma carrière… C’était très difficile sur le plan émotionnel, psychologique et mental. Préparer un match avec ça, c’est sûr que c’était compliqué.
– Antoine Frisch, centre du XV de France
Au-delà du choc personnel, c’est un véritable trauma collectif qui a ébranlé le groupe, comme le souligne le jeune trois-quart centre :
Il y a énormément d’émotions : on est inquiets, on est stressés… C’est difficile de trouver les mots, c’est un trauma collectif.
– Antoine Frisch
Une équipe sous le choc mais soudée
Face à cette tempête médiatique et judiciaire, les Bleus ont tenté de faire front, comme le raconte Antoine Frisch. Réunions de crise, suivi psychologique, moments de partage… Tout a été mis en œuvre pour maintenir la cohésion du groupe :
- On a eu une réunion le lundi soir et Fabien Galthié, le staff, nous ont expliqué la situation, tous ensemble, à l’hôtel.
- On avait nos préparateurs mentaux qui étaient disponibles si on avait besoin de discuter.
- On a essayé de rester ensemble, de parler, de se donner de la force entre nous.
Malgré ces efforts, difficile d’occulter totalement l’affaire. Antoine Frisch le reconnaît, garder la tête au rugby dans ces conditions a été un défi de tous les instants :
Franchement, c’était difficile. Je n’ai jamais vécu ça, ça prend le dessus quand ça arrive. Pour préparer un match, ce n’était pas évident.
– Antoine Frisch
Une première sélection en demi-teinte
Pour Antoine Frisch, ce baptême du feu en Bleu restera forcément un souvenir contrasté. S’il savoure sa première cape et son premier essai international, le contexte extra-sportif a inévitablement terni ce moment tant attendu :
Sur le premier match, tout s’est bien passé pour tout le monde. Pour tous les débutants, c’était super de commencer par une victoire. C’était énorme de revoir certains mecs que je n’avais pas vus depuis un moment, de faire connaissance aussi avec tous les autres joueurs que je ne connaissais pas…
– Antoine Frisch
Au final, cette tournée en Argentine aura été un baptême du feu aussi intense que déstabilisant pour le nouveau centre des Bleus. Une expérience formatrice, certes, mais qu’il aurait sans doute préféré vivre dans d’autres circonstances.
Une affaire qui laissera des traces
Au-delà du XV de France, c’est tout le rugby français qui se retrouve éclaboussé par ce scandale sans précédent. Les inculpations d’Oscar Jégou et Hugo Auradou pour viol aggravé ont provoqué une onde de choc qui mettra du temps à se dissiper.
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la responsabilité des institutions, la formation des jeunes joueurs et la nécessité de mener une réflexion de fond sur les dérives du sport de haut niveau. Des chantiers immenses qui devront être menés avec détermination pour restaurer l’image du rugby français, profondément écornée par ce scandale retentissant.
En attendant, Antoine Frisch et ses coéquipiers vont devoir apprendre à vivre avec ce traumatisme et se reconstruire, individuellement et collectivement. Un défi de plus pour cette jeune génération de Bleus, déjà confrontée à d’immenses attentes sportives en vue de la Coupe du monde 2023 en France. Le chemin de la rédemption sera long, mais il en va de l’avenir du XV de France.
