Une vague d’effroi s’est abattue sur le Kenya ce weekend. Dans une décharge du bidonville de Mukuru à Nairobi, un spectacle d’horreur attendait les habitants venus fouiller les détritus. Dispersés dans plusieurs sacs poubelles, les restes atrocement mutilés de corps féminins gisaient parmi les immondices. Une découverte macabre qui soulève de sombres interrogations sur l’implication des forces de sécurité dans de possibles exactions.
La police sur la sellette
Alors que l’enquête ne fait que commencer, les soupçons se tournent rapidement vers la police kényane. Et pour cause, les corps démembrés ont été retrouvés à moins de 100 mètres d’un commissariat. L’Autorité indépendante de contrôle de la police (IPOA) a immédiatement annoncé l’ouverture d’une enquête, face aux allégations mettant en cause les forces de l’ordre.
Les langues se délient et évoquent des disparitions suspectes survenues après les récentes manifestations contre la hausse des taxes. Des témoignages accablants font état d’arrestations musclées et d’enlèvements de manifestants par des policiers. La découverte des dépouilles mutilées pourrait tragiquement confirmer les pires craintes d’exécutions extrajudiciaires.
Une police coutumière des dérives
Malheureusement, les débordements policiers ne sont pas rares au Kenya. Régulièrement pointée du doigt pour sa corruption et sa brutalité, la police kényane traîne une sombre réputation. Meurtres, disparitions, exécutions sommaires… Les accusations sont légion, mais les condamnations se font attendre. L’IPOA, créée en 2011 pour assurer un contrôle indépendant, peine à enrayer les abus.
Cette découverte intervient dans le cadre d’une inquiétante recrudescence de cas de disparitions et d’enlèvements mystérieux, en particulier après les récentes manifestations.
– Communiqué de la société civile kényane
Un pays sous tension
Cette macabre trouvaille intervient dans un contexte social et politique tendu. Les manifestations contre la politique fiscale du président William Ruto ont été sévèrement réprimées, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Dans les rues, la colère gronde et les appels à la démission du chef de l’État se multiplient.
Face au tollé provoqué par la découverte des corps, le chef de la police nationale a dû démissionner. Mais cela suffira-t-il à apaiser les esprits et à restaurer la confiance envers les institutions ? Rien n’est moins sûr. Car au-delà de ce drame, c’est tout un système gangrené par la violence et l’impunité qui est pointé du doigt.
La vérité et la justice exigées
Face à l’ampleur du scandale, les autorités tentent de réagir. Le bureau du procureur général a ordonné à la police de lui remettre les résultats de l’enquête sous 21 jours. Toutes les agences de l’État sont appelées à faire la lumière au plus vite sur cette affaire qui choque l’opinion.
Mais les Kényans ne se satisferont pas d’effets d’annonce. Ils veulent la vérité sur ces morts atroces et que les coupables, quels qu’ils soient, rendent des comptes. Car derrière l’horreur des corps mutilés de la décharge de Mukuru, c’est le spectre d’un État policier aux mains tachées de sang qui rôde. Et ça, le Kenya ne peut l’accepter.
Le chemin sera long pour que la lumière soit faite et que justice soit rendue aux victimes. Mais le peuple kényan est déterminé à se battre pour cela. Car c’est le visage d’un Kenya respectueux des droits humains et de la dignité de chaque citoyen qui est en jeu. Un combat crucial pour l’avenir de la nation.