C’est un dénouement que plus personne n’attendait. 31 ans après la macabre découverte sur le bord de l’A10, l’identité de la fillette martyrisée a enfin été révélée, mettant un terme à l’une des plus mystérieuses énigmes criminelles françaises. Retour sur une enquête qui a mobilisé des centaines d’enquêteurs à travers l’Hexagone pendant plus de trois décennies.
11 août 1987 : un corps d’enfant découvert sur l’A10
Ce jour d’été 1987, un automobiliste fait une découverte glaçante sur le bas-côté de l’autoroute A10, près du village de Suèvres dans le Loir-et-Cher : le corps sans vie d’une petite fille d’environ 4 ans, enveloppé dans une couverture maculée de sang. L’enfant porte les traces d’une maltraitance indicible : morsures, brûlures, sévices en tout genre. Une véritable vie de martyre qui s’achève dans l’anonymat le plus total, loin de tout, abandonnée comme un déchet.
Une enquête d’une ampleur sans précédent
Très vite, une enquête titanesque se met en place pour identifier la victime et retrouver ses bourreaux. La photo de la fillette est diffusée massivement, des appels à témoins sont lancés dans les médias, toutes les écoles maternelles de France sont méticuleusement passées au crible. Mais aucun indice probant, aucun signalement ne permet de mettre un nom sur ce petit visage tuméfié.
Pendant plus de 30 ans, les gendarmes vont s’acharner à résoudre cette énigme, enchaînant les fausses pistes, les espoirs déçus, les moments de découragement. Des centaines d’enquêteurs se succèdent sur le dossier, avec une obsession : rendre son identité à l’enfant pour qu’elle puisse enfin reposer en paix.
2018 : le coup de théâtre
Et puis le 12 juin 2018, coup de tonnerre : un couple d’origine marocaine est interpellé. Il s’agit des parents d’Inass Touloub, l’enfant retrouvée morte 31 ans plus tôt. Placés en garde à vue, les suspects reconnaissent les faits et expliquent avoir fui au Maroc après le meurtre. Leur fille aurait subi un calvaire familial étouffant, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Cela fait 31 ans que j’attends votre venue.
– Le gendarme en charge de l’enquête s’adressant aux parents d’Inass lors de leur interpellation
Un détail troublant aurait pu permettre de résoudre l’affaire 25 ans plus tôt. La couverture dans laquelle le corps a été enveloppé comportait une étiquette avec le nom de la mère, passée inaperçue pendant toutes ces années. Un raté dans une enquête par ailleurs remarquable de ténacité.
Épilogue judiciaire
Aujourd’hui, les parents d’Inass sont en attente de jugement. Présumés innocents, ils devront répondre du meurtre et de la maltraitance de leur fille devant un tribunal. Un procès très attendu qui devrait lever le voile sur les terribles circonstances du décès et refermer enfin ce cold case hors norme.
31 ans après, la petite martyre de l’A10 a retrouvé son nom. L’heure de la justice a enfin sonné pour réparer une vie fauchée dans l’horreur et l’indifférence. Espérons que son calvaire servira à une prise de conscience sur les ravages de la maltraitance infantile, ce fléau encore trop souvent ignoré.