Compiègne est sous le choc après la découverte du corps sans vie d’Angelina Clément, une femme transgenre de 55 ans, tuée à coups de hache à son domicile. Son compagnon, Charles Mesureur, 40 ans, s’est rendu de lui-même à la police, avouant être l’auteur de ce crime d’une violence inouïe qui soulève de nombreuses questions.
Meurtre conjugal ou crime transphobe ?
Si le mobile du meurtre n’est pas encore établi avec certitude, le caractère possiblement transphobe de ce crime est au cœur des interrogations. Née homme, Angelina Clément avait entamé une transition de genre. Un élément qui, selon le parquet, ne permet pas à ce stade d’affirmer qu’il aurait motivé le passage à l’acte meurtrier de son compagnon.
Cependant, ce drame, qualifié de « féminicide » par le journal Libération, met en lumière la vulnérabilité particulière des personnes transgenres face aux violences, notamment dans la sphère intime. Selon les associations LGBT, les femmes trans sont surexposées aux violences conjugales, du fait de la transphobie persistante dans la société.
Une enquête judiciaire ouverte
Le parquet de Senlis a ouvert une information judiciaire pour « meurtre par concubin ». Charles Mesureur, déjà connu de la justice pour des faits anciens de violences, a été mis en examen et écroué. L’enquête devra déterminer les circonstances exactes et le mobile de ce crime, sans écarter aucune piste.
« Aucun élément ne permet d’indiquer que cet élément [la transidentité de la victime] aurait motivé un passage à l’acte criminel »
Loïc Abrial, procureur de Senlis
La communauté LGBT sous le choc
Ce meurtre a provoqué une vive émotion au sein de la communauté LGBT, endeuillée par la perte d’Angelina Clément. Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient, mettant en avant son combat pour la reconnaissance de son identité de genre. Beaucoup s’interrogent : ce crime aurait-il eu lieu si Angelina était née femme ?
Prévenir les féminicides, protéger les personnes trans
Au-delà de l’émotion, ce drame met en lumière l’urgence de renforcer la prévention des féminicides, qui ont déjà coûté la vie à au moins 67 femmes en France depuis le début de l’année. Il souligne aussi la nécessité d’une meilleure protection des personnes transgenres, victimes de discriminations et de violences du fait de leur identité.
Alors que l’enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur ce crime, la mémoire d’Angelina Clément est plus que jamais un appel à combattre toutes les formes de haine et de violence. Transphobe ou pas, un féminicide reste un féminicide, un crime intolérable dont il faut traiter les racines. Pour qu’Angelina soit la dernière.