Un scandale éclate au cœur du Baccalauréat 2024. Des élèves du lycée privé juif Yabné à Paris auraient reçu des notes « anormalement basses » lors des épreuves du Grand Oral, suscitant de lourds soupçons de discrimination. Face à ce qui s’apparente à un biais de notation à l’encontre de ces lycéens, la ministre de l’Éducation Nationale Nicole Belloubet vient d’ordonner l’ouverture d’une enquête administrative approfondie.
15 élèves juifs pénalisés par un jury du 18ème arrondissement
C’est une avalanche de réactions indignées qui s’abat sur le ministère de l’Éducation depuis la révélation par plusieurs élus de notes étonnamment faibles attribuées à un groupe de 15 élèves du lycée Yabné. Cet établissement privé sous contrat, réputé pour la qualité de son enseignement, a vu certains de ses élèves étrangement mal notés lors du Grand Oral par des examinateurs officiant dans le 18ème arrondissement de Paris.
Face à ces notes en total décalage avec le niveau des élèves concernés et le reste de leurs résultats au Bac, l’hypothèse d’un biais discriminatoire lié à l’appartenance religieuse des lycéens et à leur établissement est ouvertement évoquée. « Je n’ose croire que des examinateurs de Paris 18 se soient livrés à une telle discrimination », s’est émue la députée Caroline Yadan.
Une enquête ministérielle pour faire toute la lumière
Immédiatement saisie, la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet a promis de faire la clarté sur cette affaire. « Je viens d’être informée de ces notes aux oraux du bac qui auraient été anormalement basses du fait de la provenance des élèves d’un lycée juif. Une enquête s’impose effectivement », a-t-elle déclaré sur Twitter, ordonnant dans la foulée une enquête administrative approfondie.
Les inspecteurs du ministère vont donc se pencher en détail sur les corrections de ces oraux et auditionner les membres du jury mis en cause. L’objectif est de déterminer s’il y a eu des manquements à la déontologie et à l’impartialité, et surtout d’identifier un éventuel mobile discriminatoire dans la notation des élèves du lycée Yabné.
Si les faits sont avérés, des sanctions exemplaires seront prises contre les examinateurs fautifs. Il est hors de question de laisser passer la moindre discrimination dans l’évaluation de nos élèves.
Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale
Des élus réclament des explications
De leur côté, les élus ayant révélé l’affaire maintiennent la pression sur le ministère afin qu’il fasse preuve de la plus grande transparence. Déterminés à aller au bout, certains n’hésitent pas à évoquer un « scandale d’État » si une logique discriminatoire venait à être prouvée dans la notation des lycéens juifs.
- La députée Caroline Yadan demande à être informée en temps réel de l’avancée des investigations.
- Le député Meyer Habib parle d’un « deux poids deux mesures intolérable » et promet d’interpeller le gouvernement.
- Des élus de Paris, dont la maire Anne Hidalgo, se disent « très préoccupés » et attendent des explications rapides.
Nul doute que les résultats de l’enquête de l’Éducation nationale seront scrutés avec la plus grande attention. Car au-delà du sort des élèves lésés, auxquels les oraux devraient être proposés à nouveau avec un autre jury si les faits sont confirmés, c’est aussi la crédibilité et l’équité de notre système d’évaluation au Baccalauréat qui sont en jeu dans ce dossier.
Mise à jour : pas de “discrimination” selon les premières conclusions
L’enquête administrative diligentée par le ministère livre ses premiers enseignements, qui semblent écarter à ce stade l’hypothèse d’une notation délibérément discriminatoire. Après examen des notes données et audition du jury, les enquêteurs estiment que « rien n’établit que ces notes attribuées par un jury souverain l’auraient été pour des raisons autres que la maîtrise ou l’absence de maîtrise de cet exercice par ces élèves ».
Si ces conclusions provisoires devront être confirmées, elles tendent à indiquer que les résultats décevants seraient davantage liés à un manque de préparation des élèves à l’épreuve spécifique du Grand Oral qu’à une volonté de leur nuire en raison de leur lycée ou leur religion supposée.
Pas sûr pour autant que ces explications suffisent à apaiser toutes les inquiétudes et le sentiment d’injustice. Le ministère de l’Éducation va devoir redoubler de pédagogie pour convaincre que le traitement des élèves a été équitable. Et sans doute aussi s’interroger sur la façon d’harmoniser davantage les attentes et les notations sur cette épreuve inédite du Grand Oral, manifestement génératrice d’incompréhensions. La polémique sur le Bac 2024 n’a peut-être pas fini de faire parler d’elle…