Dans un rebondissement inattendu, le Conseil d’État a décidé de suspendre la dissolution du mouvement d’ultragauche Défense Collective, une mesure controversée annoncée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en avril dernier. Cette décision soulève des questions sur la légitimité et les fondements de cette initiative gouvernementale visant à réprimer ce collectif militant.
Un Doute Sérieux sur la Légalité de la Dissolution
Mercredi, les juges du Conseil d’État ont exprimé leur « doute sérieux quant à la légalité » du décret de dissolution, estimant que le ministre de l’Intérieur n’avait pas apporté de preuves suffisantes démontrant en quoi Défense Collective provoquerait ou participerait « à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens », comme le prévoit la loi.
Cette suspension en référé constitue un revers pour Gérald Darmanin, qui avait fait de la lutte contre les mouvements d’ultragauche l’une de ses priorités. En avril 2023 déjà, le ministre avait indiqué « examiner les agissements » du collectif en vue de sa dissolution, réitérant ses propos en février 2024 lors d’un passage à Rennes, fief historique de Défense Collective.
La Riposte de Défense Collective
Face à cette offensive gouvernementale, le collectif rennais, qui dit « lutter contre la répression policière et judiciaire », avait vivement réagi sur les réseaux sociaux. Suite à la suspension prononcée par le Conseil d’État, Défense Collective a annoncé son intention de « se battre contre cette décision via tous les recours possibles », appelant à un rassemblement et une réunion publique dans les prochains jours.
Nous continuerons de communiquer sur l’évolution de la procédure via nos réseaux.
– Défense Collective (@Defense_Co) April 3, 2024
Un Débat sur les Libertés Publiques
Au-delà du cas spécifique de Défense Collective, cette affaire ravive le débat sur l’équilibre entre maintien de l’ordre et respect des libertés publiques. Les critiques pointent une tendance du gouvernement à vouloir museler les mouvements sociaux contestataires, tandis que les partisans de la fermeté invoquent la nécessité de contenir les débordements violents.
Il reviendra désormais au Conseil d’État de trancher sur le fond ce dossier épineux. D’ici là, nul doute que la bataille juridique et médiatique se poursuivra entre le ministère de l’Intérieur et Défense Collective, chacun campant sur ses positions. Une chose est sûre : cette suspension inattendue redistribue les cartes et promet de nouveaux rebondissements dans ce bras de fer entre l’État et l’ultragauche.