Dans une récente interview pour le Hollywood Reporter, Sharon Stone a créé la polémique en prenant la défense de Kevin Spacey, son ami de longue date accusé d’agressions sexuelles par plusieurs hommes. Selon l’actrice de 66 ans, la haine dont Spacey fait l’objet depuis plusieurs années serait principalement motivée par l’homophobie qui gangrène l’industrie du cinéma.
Un “génie” victime de la misogynie d’Hollywood
Pour Sharon Stone, Kevin Spacey est avant tout “un génie”, “élégant”, “amusant”, “généreux à l’excès” et qui “en sait plus sur notre métier que la plupart d’entre nous”. Des qualités qui n’ont pas empêché l’acteur de devenir persona non grata à Hollywood suite aux multiples accusations d’agressions et de harcèlement sexuels dont il fait l’objet depuis 2017. Une situation que Stone juge particulièrement injuste :
Kevin a touché les parties génitales de beaucoup de gens. Mais personne n’a dit publiquement qu’il les avait violés ou forcés à avoir des rapports sexuels. Il y a tant de haine envers lui parce que dans son cas, il s’agit d’un homme contre un autre. C’est pourquoi il n’est pas autorisé à revenir. Parce qu’il a offensé les hommes.
– Sharon Stone, The Hollywood Reporter
Stone va même plus loin, comparant le sort de Spacey à sa propre expérience de femme à Hollywood. Elle affirme avoir subi bien plus d’attouchements non désirés de la part d’hommes au cours de sa carrière, sans qu’aucun ne se soit jamais excusé contrairement à son ami. Pour elle, cette différence de traitement illustre parfaitement la misogynie qui règne au sein de l’industrie, “un business dirigé par les hommes”.
De nombreuses voix s’élèvent contre ces propos
Les déclarations de Sharon Stone ont rapidement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Beaucoup lui reprochent de minimiser les actes de Spacey et la souffrance de ses victimes présumées. D’autres dénoncent une forme de “whataboutisme” visant à détourner l’attention des crimes sexuels commis par des hommes en les comparant aux violences subies par les femmes.
Certains soulignent également que loin d’être de simples “attouchements“, les faits reprochés à Kevin Spacey incluent des agressions sexuelles caractérisées et des tentatives de viol. Des actes qui vont bien au-delà d’un simple “harcèlement” et qui ne sauraient être justifiés par l’orientation sexuelle de l’agresseur ou le sexe des victimes.
Le retour en grâce très controversé de Kevin Spacey
Malgré les polémiques, Kevin Spacey semble sur le point d’opérer son grand retour au cinéma. Après avoir été blanchi de plusieurs accusations lors de récents procès, l’acteur s’apprête à tourner dans plusieurs nouveaux films et séries.
Un comeback qui passe très mal auprès des militants de la cause des victimes de violences sexuelles, qui y voient un énième exemple de la complaisance d’Hollywood envers les agresseurs. Beaucoup craignent que le retour en grâce de Spacey n’envoie un message désastreux et ne décourage d’autres victimes de prendre la parole.
Le débat soulevé par les propos de Sharon Stone illustre en tout cas la difficulté pour l’industrie du cinéma à se réformer en profondeur, malgré les promesses de changement faites dans le sillage du mouvement #MeToo. Cinq ans après le début de l’affaire Weinstein, la culture du silence et de l’impunité qui a permis à tant d’agresseurs de sévir en toute quiétude semble encore loin d’avoir disparu.
