C’est une affaire qui secoue le monde du rugby français. Oscar Jégou et Hugo Auradou, deux jeunes joueurs prometteurs du XV de France, se retrouvent au cœur d’un scandale en Argentine. Accusés de violences sexuelles par une femme de 39 ans, ils clament leur innocence et affirment que les relations étaient consenties. Deux versions diamétralement opposées s’affrontent, à quelques heures de la présentation des rugbymen devant la justice argentine ce jeudi.
Un « abus sexuel particulièrement atroce » selon l’accusation
Pour l’avocate de la plaignante, Me Natacha Romano, les faits reprochés aux deux joueurs du XV de France sont d’une extrême gravité. Elle évoque un « abus sexuel particulièrement atroce, avec rapport sexuel, avec la participation de deux personnes, avec violence ». Selon sa cliente, les rugbymen l’auraient agressée à tour de rôle dans leur chambre d’hôtel à Mendoza, lui assénant des coups et l’empêchant de s’enfuir.
Il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup de poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime. Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir.
– Me Natacha Romano, avocate de la plaignante
Un récit glaçant, qui pourrait valoir aux deux hommes une lourde condamnation. En droit argentin, le viol aggravé est passible de 20 ans de réclusion.
La défense plaide le consentement
Mais pour l’avocat des rugbymen, Me Rafael Cuneo Libarona, cette version ne tient pas. Ses clients reconnaissent avoir eu une relation sexuelle avec la plaignante, mais assurent qu’elle était pleinement consentie. Ils nient fermement toute violence.
Elle prétend avoir été battue, les caméras [de surveillance de l’hôtel] disent qu’elle ne l’a pas été.
– Me Rafael Cuneo Libarona, avocat de la défense
Selon des sources policières, les rugbymen auraient rencontré la jeune femme dans un bar et consommé de l’alcool avec elle, avant de la ramener à leur hôtel alors qu’elle se sentait prise de vertiges. Une thèse vivement contestée par la partie adverse.
Le soutien prudent de la FFR
Du côté de la Fédération Française de Rugby, le président Florian Grill s’est rendu à Buenos Aires pour rencontrer les deux joueurs mis en cause. S’il se refuse à commenter les détails de l’affaire, il espère que « la justice aille vite » et que la lumière soit faite. La FFR a également pointé certains éléments qui, selon la défense, « questionnent la déclaration initiale » de la plaignante.
En attendant, c’est un véritable séisme pour le rugby tricolore, quelques semaines seulement après une autre polémique impliquant le joueur du XV Melvyn Jaminet, écarté pour des propos à caractère raciste. Le sélectionneur Fabien Galthié a reconnu vivre « un moment très difficile ».
Une enquête minutieuse en Argentine
Sur le plan judiciaire, l’enquête progresse rapidement en Argentine. Après une déposition « longue, complète et détaillée » de la victime présumée, la justice dispose désormais des conclusions médico-légales qui seraient compatibles avec son récit, sans être définitives. Les avocats des rugbymen ont pu de leur côté exposer des éléments qui remettent en cause certaines déclarations.
C’est donc un dossier complexe et des versions contradictoires que devront démêler les enquêteurs et les juges argentins. Avec un enjeu de taille : établir la vérité, quelle qu’elle soit, sur cette nuit du 11 juillet à Mendoza. Une vérité judiciaire qui aura un impact considérable sur l’avenir des deux rugbymen, sur leur victime présumée, mais aussi sur l’image du XV de France et du rugby tricolore.
D’ici là, une certitude : cette affaire Jégou-Auradou risque de laisser des traces profondes, bien au-delà des frontières du terrain. Le choc entre deux paroles, deux vérités revendiquées, promet d’être frontal.
