Des coups de feu déchirent la nuit marseillaise. Les sirènes de police résonnent entre les barres d’immeubles. Scène devenue tristement banale dans certains quartiers de la cité phocéenne, gangrenés par le trafic de drogue et les règlements de comptes. Ce mercredi 10 juillet, c’est la cité des Iris, dans le 14ème arrondissement, qui a été le théâtre d’une nouvelle fusillade. Un jeune homme de 19 ans a été grièvement blessé et son pronostic vital est engagé.
La cité des Iris, épicentre des violences liées au trafic de drogue
Située dans le secteur de Saint-Barthélémy, la cité des Iris est tristement réputée pour abriter un important point de deal, très lucratif et âprement disputé par plusieurs clans rivaux. Les fusillades et règlements de comptes y sont monnaie courante, sur fond de guerres de territoire pour le contrôle du trafic de stupéfiants.
Les palettes qui brûlent c’est tous les soirs. L’insécurité on voit que ça continue.
– Un habitant de la cité des Iris
Un quotidien fait de peur et de violence pour les résidents
Pour les habitants de la cité, c’est un sentiment d’insécurité permanent qui règne. Beaucoup n’osent plus sortir le soir et les enfants sont cloîtrés chez eux. Les témoignages sont glaçants :
- Coups de feu à toute heure du jour et de la nuit
- Trafics en plein jour devant les immeubles
- Affrontements entre bandes rivales
- Rodéos urbains et incivilités quotidiennes
On a peur pour nos enfants. Dès qu’on entend un bruit, on se jette à terre. C’est devenu un réflexe.
– Une mère de famille de la cité des Iris
La police démunie face à l’ampleur du trafic
Malgré les fréquentes descentes de police et les arrestations régulières, le trafic perdure et la situation ne semble pas s’améliorer. Les dealers, souvent très jeunes, sont vite remplacés et le point de vente ne désemplit pas. Les forces de l’ordre semblent démunies face à un phénomène qui a pris une ampleur considérable ces dernières années.
On a beau interpeller, le lendemain ils sont déjà dehors et ça recommence. C’est un cercle sans fin.
– Un policier de la BAC
Une jeunesse en perdition, happée par l’argent facile
Dans ces cités déshéritées où le chômage des jeunes atteint des records, le trafic apparaît pour beaucoup comme la promesse d’un enrichissement rapide. Une économie parallèle prospère, avec ses codes et ses lois. L’école n’est plus une priorité, voire est décriée. Les caïds locaux deviennent des modèles.
Avec ce qu’ils gagnent en une journée, tu mets 6 mois à le gagner en travaillant. Comment tu veux lutter contre ça?
– Un éducateur du quartier
Un défi sécuritaire, social et éducatif pour les pouvoirs publics
Face à l’enracinement des trafics, la réponse sécuritaire ne peut être la seule solution. C’est un travail de longue haleine qui doit être mené, combinant:
- Présence policière accrue et actions coup de poing pour démanteler les réseaux
- Travail social et éducatif pour offrir d’autres perspectives aux jeunes
- Rénovation urbaine et désenclavement des cités pour casser les logiques de territoire
- Politique de l’emploi volontariste dans ces quartiers frappés par le chômage de masse
Le chemin est long et semé d’embûches, mais il en va de l’avenir de ces quartiers et de leur jeunesse. Les pouvoirs publics, à tous les niveaux, doivent se saisir de cet enjeu majeur. Chaque nouvelle fusillade, chaque nouvelle victime, doit nous rappeler l’urgence d’agir. Marseille ne peut rester cette terre de non-droit livrée à la loi des trafiquants. C’est la survie même de ces coins de République qui est en jeu.
