En coulisses, les alliés de l’Otan vont abattre leurs cartes. Lors du sommet de Washington qui se tient jusqu’à jeudi, les dirigeants des 32 pays membres se livreront à un exercice de transparence les uns envers les autres. L’enjeu : évaluer précisément les moyens militaires réels dont dispose l’Alliance atlantique pour mettre en œuvre ses ambitieux plans de défense.
Des plans approuvés l’an dernier à Vilnius
Lors du précédent sommet à Vilnius, l’Otan avait adopté une « famille de plans », c’est-à-dire les options militaires élaborées en fonction des différents scénarios d’une potentielle attaque de la Russie. Maintenant, place à l’inventaire concret. « Nous allons voir l’écart entre les plans et ce qu’il y a réellement dans le réfrigérateur » observe, lucide, un haut gradé français.
L’urgence d’une mise à niveau
Cet exercice d’honnêteté mutuelle s’annonce parfois douloureux pour certains pays. Mais il est urgent compte tenu du risque de guerre qui n’est plus une hypothèse théorique. Au sein de l’Alliance, on martèle que l’Otan doit être prête à se défendre « ce soir » s’il le faut.
Nous sommes dans une situation où le pire scénario n’est plus exclu. Il faut s’y préparer collectivement.
– Un diplomate de l’Otan
Identifier les manques capacitaires
Concrètement, les états-majors de l’Alliance vont passer en revue les différents théâtres d’opérations potentiels, de la Baltique à la Mer Noire. Pour chacun, il s’agira d’identifier précisément les manques capacitaires et les contributions supplémentaires nécessaires de la part des alliés.
- Combien de chars, d’avions de combat, de navires de guerre ?
- Quelles quantités de munitions, de carburant, d’équipements médicaux ?
- Quel niveau de préparation et d’entraînement des troupes ?
Autant de questions très concrètes auxquelles les dirigeants devront répondre pour crédibiliser la posture de défense et de dissuasion de l’Otan face à la menace russe. Un enjeu crucial alors que la guerre en Ukraine a déjà largement entamé les stocks militaires des pays européens.
Accélérer les efforts de défense
Pour les alliés, le sommet de Washington doit ainsi être l’occasion d’un électrochoc, en accélérant les efforts de remontée en puissance des capacités de défense. Cela passe par des hausses significatives des budgets militaires, des commandes groupées de matériels et un soutien renforcé à l’industrie de défense.
Car au-delà des engagements politiques, c’est bel et bien le “quoi qu’il en coûte” qui s’impose désormais à l’agenda des pays de l’Otan. Avec un mot d’ordre impérieux : combler au plus vite les lacunes capacitaires pour être en mesure de faire face à toute éventualité. La crédibilité de l’Alliance atlantique est à ce prix.
