Alors que les dirigeants des pays membres de l’Otan se réunissent à Washington pour un sommet historique, une question brûlante est sur toutes les lèvres : l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique. Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par l’intensification des frappes russes et les incertitudes politiques, les alliés semblent déterminés à renforcer leur soutien à Kiev. Mais la route vers l’intégration ukrainienne s’annonce semée d’embûches.
Un soutien indéfectible malgré les défis
Le 75e anniversaire de l’Otan, célébré en grande pompe, a donné le ton d’un sommet placé sous le signe de l’unité et de la détermination. Les dirigeants ont multiplié les gestes de soutien envers l’Ukraine, promettant un renforcement de l’aide militaire face à l’intensification des frappes russes. Au cœur des discussions : la fourniture de systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries Patriot, pour contrer les missiles balistiques de Moscou.
Mais au-delà des déclarations d’intention, c’est bien la question de l’adhésion ukrainienne qui cristallise les attentions. Pour le président Volodymyr Zelensky, présent à Washington, il s’agit d’obtenir des garanties concrètes sur la perspective d’une intégration à l’Alliance. Une adhésion qui, selon les mots du secrétaire général Jens Stoltenberg, serait désormais sur une « voie irréversible ».
L’ombre de Trump et des élections américaines
Pourtant, les défis restent nombreux. L’ombre de Donald Trump, dont les propos ont parfois semblé fragiliser le principe d’assistance mutuelle prévu par l’article 5 du traité de l’Otan, plane sur le sommet. À quelques mois d’une élection présidentielle cruciale, le soutien américain à l’Ukraine pourrait être remis en question en cas de victoire républicaine.
Je m’attends à ce que, quel que soit le résultat des élections, les États-Unis restent un allié solide et loyal de l’Otan.
– Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan
Un constat qui pousse Volodymyr Zelensky à exhorter les alliés à « ne pas baisser la garde » et à poursuivre leur soutien, au-delà des échéances électorales. Car sur le terrain, l’urgence est plus que jamais de mise, alors que la Russie intensifie ses bombardements meurtriers sur les villes ukrainiennes.
Un premier pas concret : le transfert des F-16
Dans ce contexte, l’annonce du début des transferts d’avions de combat F-16 vers l’Ukraine apparaît comme un signal fort. Selon le secrétaire d’État américain Antony Blinken, ces appareils, fournis par le Danemark et les Pays-Bas, « voleront dans le ciel ukrainien dès cet été ». Un renfort de poids pour Kiev, qui réclame depuis longtemps ces avions pour renforcer sa défense aérienne face aux assauts russes.
Mais au-delà de l’aide militaire, c’est bien la perspective d’une adhésion pleine et entière à l’Otan qui est au cœur des discussions. Et sur ce point, les 32 pays membres semblent avoir franchi un cap, en reconnaissant que l’Ukraine est désormais sur « une voie irréversible » vers l’intégration à l’Alliance atlantique.
Une adhésion inéluctable, mais un chemin semé d’embûches
Si cette déclaration commune, qui doit encore être formellement adoptée, marque une avancée significative, elle ne constitue pas pour autant un blanc-seing. Le chemin de l’Ukraine vers l’Otan reste semé d’obstacles, à commencer par la nécessité de remplir les critères d’adhésion, notamment en termes de réformes démocratiques et de lutte contre la corruption.
Mais surtout, l’adhésion ukrainienne soulève la question épineuse des relations avec la Russie. Moscou a toujours vu d’un très mauvais œil le rapprochement de Kiev avec l’Alliance atlantique, y voyant une menace directe pour sa sécurité. Une intégration de l’Ukraine pourrait donc encore attiser les tensions, déjà au plus haut depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
Malgré ces défis, le sommet de Washington envoie un message clair : l’Otan est déterminée à soutenir l’Ukraine dans sa quête d’intégration euro-atlantique. Une perspective qui, si elle se concrétise, redessinera durablement les équilibres géopolitiques en Europe. Mais d’ici là, le chemin s’annonce long et semé d’embûches, dans un contexte international toujours plus incertain.
