ActualitésSociété

Bidonville à Nantes : La maire appelle les maraîchers à la responsabilité

Nantes s'apprête à démanteler un des plus grands bidonvilles de France. La maire PS interpelle les maraîchers locaux, jugeant qu'ils ont leur part de responsabilité dans les conditions de vie précaires des travailleurs migrants qu'ils emploient. Un sujet brûlant qui divise...

Au petit matin, dans les faubourgs de Nantes, un spectacle peu reluisant s’offre à la vue. Là où la ville laisse place à la campagne, s’étend un des plus grands bidonvilles de France. Plus de 700 personnes y survivent tant bien que mal, dans des cabanes de fortune. Un campement précaire qui cristallise aujourd’hui tensions et polémiques, à l’heure où la métropole s’apprête à le démanteler.

La maire de Nantes interpelle les maraîchers

Face à l’ampleur de ce bidonville, Johanna Rolland, maire PS de Nantes et présidente de Nantes Métropole, a choisi de monter au créneau. Interrogée sur la situation, elle n’a pas hésité à pointer du doigt la responsabilité des maraîchers locaux :

Si on compare par rapport à la moyenne des départements français, oui il y a une situation importante, et qui est notamment liée à l’activité de maraîchage.

Johanna Rolland, maire de Nantes

Un constat qui fait bondir les principaux intéressés. Régis Chevallier, président de la Fédération des Maraîchers Nantais, a vivement réagi dans une lettre ouverte :

Ras le bol d’être le bouc émissaire de politiques ratées dont nous ne sommes pas responsables, le logement ne fait pas partie de nos attributions. Nous n’avons pas l’obligation de fournir un logement à nos salariés et stagiaires, qu’ils soient de nationalité française ou non.

Régis Chevallier, président de la Fédération des Maraîchers Nantais

Une filière maraîchère dépendante d’une main d’œuvre étrangère

Selon les chiffres avancés par Régis Chevallier, la filière maraîchère locale emploie environ 2500 CDI et entre 2500 et 3000 CDD. Un chiffre qui peut grimper jusqu’à 6000 contrats au moment de la récolte du muguet. Une activité saisonnière, nécessitant une main d’œuvre flexible, souvent étrangère. Beaucoup de ces travailleurs, majoritairement originaires d’Europe de l’Est, se retrouvent ainsi à vivre dans des conditions très précaires aux abords de Nantes.

Les élus locaux divisés sur la question

Face à cette situation, les élus locaux apparaissent divisés. Rodolphe Amailland, maire de Vertou et président de l’Association des maires du Vignoble Nantais, a lui aussi fustigé les critiques visant les employeurs agricoles :

J’en ai un peu assez d’entendre que c’est de la faute des employeurs, des maraîchers, des viticulteurs dans le vignoble nantais parce qu’ils emploient les Roms sur des travaux pour lesquels ils rémunèrent d’ailleurs parfaitement légalement, et que c’est de leur faute s’il y a des bidonvilles.

Rodolphe Amailland, maire de Vertou

Vers des solutions pérennes pour le logement des travailleurs migrants ?

Alors que la polémique enfle, la question du logement décent des travailleurs migrants saisonniers reste entière. Si les maraîchers se défendent de toute responsabilité, force est de constater que l’offre actuelle ne permet pas de répondre aux besoins. Dans ce contexte, le démantèlement du bidonville de Nantes, s’il paraît inéluctable, ne saurait suffire. Des solutions pérennes doivent être trouvées, associant l’ensemble des parties prenantes – pouvoirs publics, employeurs, associations… – pour assurer des conditions de vie et de travail dignes à ces travailleurs de l’ombre, indispensables à l’économie locale.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.