C’est un véritable ras-le-bol qui s’exprime chez les maraîchers nantais. Montrés du doigt pour leur rôle présumé dans la présence de bidonvilles abritant des travailleurs roms sur le territoire, ils refusent aujourd’hui de porter le chapeau pour ce qu’ils considèrent comme l’échec des politiques locales d’accueil des migrants.
Les maraîchers nantais refusent d’être les “boucs émissaires”
Selon Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole, la présence importante de bidonvilles de Roms sur le territoire serait “notamment liée à l’activité de maraîchage”. Des propos qui ont fait bondir la Fédération des Maraîchers Nantais, un an après avoir déjà subi des dégradations de la part de militants écologistes.
“Ras-le-bol d’être les boucs émissaires de politiques d’accueil ratées”, s’insurgent les maraîchers. S’ils reconnaissent employer de la main d’œuvre étrangère, souvent originaire d’Europe de l’Est, ils rappellent qu’ils n’ont aucune obligation légale de les loger.
Pas d’obligation légale pour les employeurs
En effet, sur le plan réglementaire, rien n’oblige les exploitants à fournir un hébergement à leurs ouvriers agricoles, qu’ils soient français ou étrangers. Un point sur lequel la Fédération des Maraîchers tient à insister :
Nous embauchons de la main d’œuvre déclarée et dans les règles. Leur trouver un logement n’est pas de notre responsabilité, même si certains le font par souci éthique.
Un porte-parole des maraîchers nantais
Pour autant, les maraîchers ne nient pas la réalité des conditions de vie souvent précaires des travailleurs migrants. Mais ils refusent d’en porter seuls la responsabilité, pointant les carences de l’action publique.
Un appel à une réponse collective
Face à l’ampleur du phénomène des bidonvilles, les maraîchers nantais appellent à une réponse concertée des pouvoirs publics, des acteurs économiques mais aussi de la société civile. Ils soulignent que l’hébergement des travailleurs précaires, français comme étrangers, relève avant tout de politiques de logement et d’accueil des migrants :
La question des bidonvilles ne peut pas reposer uniquement sur le secteur agricole. C’est un défi qui nécessite une approche globale et des moyens à la hauteur. Nous sommes prêts à y contribuer, mais pas à en faire les frais.
Un représentant de la Fédération des Maraîchers
Un message clair adressé aux élus locaux, à quelques mois des élections municipales. Les maraîchers nantais entendent bien peser dans le débat public et obtenir des engagements concrets sur la question épineuse des bidonvilles et de l’accueil des migrants les plus précaires. La balle est dans le camp du politique.