Alors que les élections législatives viennent de s’achever sur une majorité relative pour le camp présidentiel, les appels du pied se multiplient en coulisses entre Renaissance et Les Républicains. Dans une interview exclusive, le patron des députés LR Olivier Marleix estime qu’Emmanuel Macron devrait franchir le pas et nommer un Premier ministre issu de la droite pour consolider sa majorité.
Un Premier ministre LR pour sortir de l’impasse
Au lendemain du second tour des législatives qui a vu la majorité présidentielle perdre la majorité absolue, la question de la constitution d’une majorité stable pour gouverner se pose avec acuité. Interrogé par Le Figaro, Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée, livre sa vision pour sortir de l’impasse :
Le président Macron devrait nommer un Premier ministre issu des Républicains. Ce serait un signe fort d’ouverture et de dialogue pour bâtir une majorité de projets.
– Olivier Marleix, député LR d’Eure-et-Loir
Une main tendue du patron des députés de droite, qui se dit prêt à travailler avec l’exécutif sous certaines conditions. Car pour Marleix, LR ne sera pas une « béquille » de la majorité mais un « partenaire exigeant » avec ses propres lignes rouges.
Wauquiez en embuscade
Se pose aussi la question de qui pourrait incarner ce Premier ministre de droite. Si Olivier Marleix écarte d’emblée l’hypothèse de sa propre nomination, un nom revient avec insistance : celui de Laurent Wauquiez. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, tout juste réélu député, lorgnerait sur Matignon.
Marleix assure qu’il « ne sera pas candidat contre Laurent Wauquiez pour la présidence du groupe LR s’il souhaite en prendre la tête ». Une façon habile de lui dégager la voie vers de plus hautes responsabilités, à commencer par le perchoir de l’Assemblée.
LR, incontournable mais pas à n’importe quel prix
Forts d’un groupe d’une soixantaine de députés, Les Républicains s’imposent comme un interlocuteur incontournable pour Emmanuel Macron s’il veut faire adopter ses réformes. Mais Olivier Marleix prévient :
Nous avons mesuré le rejet de la politique d’Emmanuel Macron et le refus d’une majorité de Français de donner les clés au Rassemblement national. Notre groupe a mené un combat difficile mais pas pour rien. Nous serons une opposition constructive mais intransigeante.
– Olivier Marleix, député LR d’Eure-et-Loir
Autrement dit, une alliance entre Renaissance et LR est possible pour constituer une majorité mais pas à n’importe quel prix. Les Républicains comptent peser de tout leur poids pour infléchir la politique du gouvernement, notamment sur les sujets régaliens et économiques.
Un moment de vérité pour la droite
Au-delà des enjeux de personnes, c’est un véritable moment de vérité qui s’annonce pour la droite. Écartelée entre un macronisme dominant et un RN en embuscade, elle doit clarifier sa ligne et incarner une alternative crédible. En jouant la carte d’un rapprochement raisonné avec le pouvoir, LR peut espérer retrouver une influence dans le débat national.
Mais le chemin est étroit et semé d’embûches. Car une telle alliance comporte aussi le risque d’un débauchage de ses troupes et d’une dilution de son identité. Sans parler de la concurrence frontale avec le RN sur les sujets de souveraineté. Autant de défis qu’Olivier Marleix et Les Républicains devront relever s’ils veulent peser dans le nouveau rapport de force issu des urnes.